samedi 8 décembre 2018

LES REINS : Force de Vie, Fondements et peurs


  
LES REINS :
Force de Vie,
Fondements et peurs

Comme pour les quatre autres organes, l’aspect psychologique des reins prend forme d’une manière parlante, il se révèle, se manifeste, par les fonctions et par la qualité énergétique, identifiées par le « su wen ». Les similitudes avec le corps social, ne sont pas qu’un pur hasard.
Lieu d’excellence du Yin, Le Shaoyin au sein du Yin, les reins ont cependant la charge de susciter la vie, la puissance, la concentration, la densification des os. Le centre de gravité et le sens de la gravité focalisent leurs essences familières. Le grand Yin qui accueille le futur grand Yang le potentiel de la personne dans sa recherche d’absolu, dans sa constance unique dans la durée.
Peur de la vie
Grands gestionnaires de l’eau, de la fontaine aux nappes lymphatiques en passant par les chutes de larmes, les puits de salives, les débordements des ruisseaux de sueurs, les courants de spermes ou les glaires dans la grotte vaginale, ils rayonnent dans leurs connexions directes avec les forces vives, générateurs du devenir. Ils sont l’assise puissante de l’idée, l’ancrage des dispositions et des intentions, la référence du durable, la pérennité du collectif, et des générations. Vie tellement impressionnante et puissante (l’expression de la vie utérine en est un exemple) qu’elle peut faire peur, par sa force, tant au début de la vie sexuelle qu’au début d’une relation amoureuse ou au début d’une oeuvre créatrice, à tel point que certaines religions ont trouver le moyen de l’étouffer au nom du sacré ! L’émergence du vivant inconnu peut s’apprivoiser, laisser vivre sa force, en paix, peut s’apprendre : la philosophie Taoïste pourrait être un de ces lieux d’apprentissage.
Associés à l’hiver, ils sont les prémisses du printemps. L’hiver n’est pas la mort. Les reins sont l’assise puissante de l’idée, l’ancrage des dispositions et intentions, la force de dire ce que « les tripes » veulent dire. Expression du vouloir, du passage à l’acte, du vouloir vivre, du maintien de la projection de tout ce que le cœur reconnaît comme fondamental et vital.
Associés aux oreilles ils nous parlent de la retraite active, de méditation, Mais aussi du renforcement structurel d’une maturation : paroles reçues, pensées, pérennité de son œuvre, colonne vertébrale de ses projets ou bassin de tous les possibles. Les oreilles sont sur le visage un peu en retrait. Comme si pour agir, la prise de recul de l’écoute faisait valoir sa discrète priorité pour mieux voir, sentir, goûter les choses. Au fond « écouter le mouvement », signifie la synthèse du devenir en saisissant la trajectoire du passé vers l’avenir. Ce mouvement va-t-il dans le sens indiqué par « Ming men » porte du mandat céleste et le Tan Tien inférieur, concentration de la propulsion énergétique ? Savoir écouter son mouvement ou aider un(e) partenaire, une population à le saisir, dispose et compose le naturel : acte thérapeutique en soit.
Cependant une chose est d’écouter le mouvement, une autre est de considérer l’aisance de sa fluidité, critère d’une bonne harmonie, dans les relations, dans les rencontres, dans les négociations, dans les constructions et réalisation de projets. La simplicité, la facilité, l’économie d’énergie, l’arrondi, à l’instar des reins et de l’eau devraient guider l’action. A l’inverse, les obstacles, les complications, l’usure, la fatigue, le bruit des armes, avertiront bruyamment les oreilles d’une position inadéquate. Le cycle du repos et de l’action, donne du sens à toute activité, révélateur du bon sens des reins. Refuser cette base use prématurément la vie. Renforcer les reins va dans le sens de la sécurisation de la vie. Par contre les reins portent directement les stigmates de la pollution de l’eau. Les eaux engorgées de nitrates cassent les os, eux aussi associés aux reins. « Casser les reins » comme polluer les eaux, loin d’être une preuve d’écoute équivaut à casser un mouvement, la vie, tuer l’avenir. Les rapports de force ne sont pas conformes à la fluidité, et cela reste pourtant le langage courant des « négociations « à quelque niveaux que ce soit.
Le paradoxe des reins
Les reins ont en quelque sorte une fonction paradoxale. Ils savent consciemment, instinctivement l’endroit de l’envers. Ils nous donnent à lire la nuance, le sens des frontières subtiles. Et bien que l’on attribue habituellement la valeur du discernement aux poumons, les reins se l’approprient également. Ils maîtrisent le distinguo entre la matière et le subtil. Responsables de l’anus et de la vessie, des testicules ou des ovaires, ils font cohabiter dans la proximité, la vie et la mort, l’absurde et l’absolu, les ascendants et les descendants, l’antérieur et le postérieur, l’éphémère de l’orgasme et la durée de son œuvre, les petites séparations et la cohérence de vie, le clair et l’obscur, la purification et la régénération, l’évacuation et la retenue, « l’usine des tris sélectifs et l’assurance vie », la dopamine et l’adrénaline, le lieu du plaisir et le contact avec les dangers, le va et vient entre la retraite et l’action.

Vie de la peur
Le vide d’énergie des reins provoqués par un danger interne ou externe peut entraîner des dégâts considérables. Les reins étant liés à la vie, tout ce qui menace la vie les blessent, et les mettent en alerte. Devant un danger la fuite, (action rapide des reins) s’avère être la meilleure solution. Loin d’être honteuse, elle est souvent un acte salutaire. Il est souvent plus sage d’esquiver une situation que de mettre sa vie en péril. La retraite choisie est plus facile que la retraite subie.
Quand la peur s’est installée ou est induite d’une manière constante l’affolement est au rendez-vous ! L’énergie de cet être part dans tous les sens ou pire, n’est plus attachée à rien. C’est une forme d’errance qui va aggraver le vide des autres organes. Il s’en fou parce qu’on le rend fou. N’ayant plus d’attache, il perd ses racines et le repères de ses ancêtres. Il n’a plus rien à perdre et est capable de tout, comme le vagabond ou le suicidaire (sous quelque forme que ce soit, même sous l’anonymat du kamikaze) : ils adoptent le même langage - le dégoût et le dépits, le désabusé des abusés, le déni, la mort. Cette observation peut faire malheureusement écho à notre quotidien actuel.
La peur est donc la coloration particulière des reins et cette coloration a plusieurs spectres étendus et nuancés selon l’organe voisin concerné. Quand les reins seuls sont impliqués, il s’agit alors d’une maladie de l’écoulement des eaux : dysfonctionnement grave. L’énergie va encore plus vers le bas, la blancheur accompagne la peur. Dans ce contexte on retrouve la peur de la mort, peur de perdre la vie, peur de la maladie, des accidents, des agressions, peur de vieillir, peur d’une atteinte à son essentiel (habitat, vêtement, nourriture) L’abaissement de l’activité, perte de mémoire conforté par l’absence de rituel des morts entraînera la perte du sens de la lignée. Le non respect de la vie annihile la volonté d’agir. L’abandon devient la règle. Le vouloir est atteint « et quand le vouloir est atteint, on ne peut même plus se souvenir de ce que l’on vient de dire, les lombes et l’épine dorsale ne peuvent ni se pencher en arrière, ni se plier, ni se redresser…On donne tous les signes d’une mort prématurée. Sous l’effet d’une peur ou d’une crainte dont on n'arrive pas à se libérer, alors se produit une atteinte aux essences. » Su Wen
Quand un organe voisin prévient et signale aux reins un vide d’énergie, la peur aura une autre densité :
-la rate transmettra la peur du manque, du détournement de l’information, de la confusion, de la folie par manque d’organisation de la pensée, peur de l’étrange par manque d’information, peur de perdre son avoir.
- le cœur suscitera la peur de perdre son identité propre, son âme, peur de plaire ou de déplaire, peur de se donner.
- le foie dégradant la confiance en soi, informera les reins d’une peur de ne pas réussir, de ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir d’imaginaire ou de solutions, mais aussi peur de l’autorité (les reins ne font pas confiance au foie), peur des croyances, peur d’être atteint sur son territoire, peur d’oser.
-les poumons négocieront mal la peur du changement, de la nouveauté, peur de dire, peur de prendre sa place, peur de se montrer, mais aussi peur de l’intrusion, peur du dévoilement d’un secret, ou peur de ce qui est caché ou occulte, peur de perdre sa liberté.
Manipulation de la peur
Manipuler l’épouvantail n’a jamais fait pousser une plante, manipuler le nucléaire n’a jamais purifier l’eau, manipuler la peur dans les cités n’a jamais fait entendre la vie ! Manier la peur pour manier une foule, affoler les reins est une arme redoutable puisqu’elle conduit à des comportements de révoltes, de sauve-qui-peut ou de suicides.
Quelles sont les corporations, laborantins de la mort qui ont intérêts à ce qu’il y ait des apeurés terrorisés, peut-être ceux là même qui sont tenaillés par leur propre peur ? A vouloir agité les dangers réels ou imaginaires pour focaliser sur un ennemi virtuel ou effectif on crée la paranoïa, pas la sécurité, puisque de ce fait on appauvrit encore plus les reins sans leur donner la force de la solution de l’écoute du Yin. Le raisonnement permettrait de conjurer cette peur : le langage sécuritaire « sécurisez-vous, protéger- vous, le danger est partout », n’est pas sécurisant et ne peut être considérer comme une écoute. On crée le besoin de se sécuriser en paniquant, pour le bénéfice de pseudo-sécurités : la sécurité essentielle étant la construction de son être et de son oeuvre. Le contre sens n’a jamais donné du sens. Les passages à l’actes risquent, alors, d’être fortement dénués de sens, insensés, affolés.
Stratégie face aux peurs
-L’identification et le discernement de la coloration des peurs, aidera à déterminer quels sont les organes en cause et de ce fait permettra d’en définir le besoin et d’assumer une résolution raisonnée.
-L’écoute de son mouvement initial et originel, dans sa fluidité peut montrer les déviances du flux de l’énergie, condition pour la ramener « dans le droit chemin ».Vers quelle action les reins sont-ils déterminés (détermination et fermeté n’étant pas à confondre avec violence).
-L’écoute de son grand Yin intérieur qui fait le fondement, l’essence de son être « le jing », et laisser développer l’émergence, le potentiel en l’accompagnant, serait la première méditation active, avant ou après l’événement pour en atténuer les effets, et annuler la redondance.
-Chaque effort physique ou mental pour consolider les reins seront un renforcement sécurisant.
-Le choix personnel de la constance, de la cohérence, autant que faire se peut, dans toutes ses actions, l’économie d’énergie plutôt que sa dilapidation (en toutes situations) nourriront le vouloir des reins. Ils nous invitent à vérifier le pourquoi et le comment de notre dépense d’énergie.
-L’écoute de la peur d’autrui (individuel ou collectif) permet de débusquer la part de l’imaginaire et du réel, pour en démystifier l’impact. La mesure d’un effet d’annonce d’un danger réel imminent est autre chose le matraquage informatif d’un danger fictif, celui-ci induit la paranoïa.
-L’apprentissage de la maîtrise de l’énergie de vie, l’harmonisation de sa respiration, le refus de la compétition confirmera l’acceptation confiante du changement (les poumons nourrissent les reins) comme processus évolutif naturel.
-La défense de l’eau potable, entretient et favorise par voie de conséquences le travail naturel des reins et des actions sereines, des vouloirs dans la durée. La pollution tue la vie.
-La construction dans le plaisir et la joie plutôt que sur la réserve défensive conforte la pérennité d’une action.
Puissions–nous être aussi confiants et fidèles en nos reins qu’ils le sont dans leurs fonctions !
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mercredi 21 novembre 2018

Le temps du stress et de la fatigue vu par un taoïste


Le temps du stress et de la fatigue
vu par un taoïste




Les variations climatiques contrastées dans leurs localisations et dans leur ampleurs sollicitent grandement les corps. Plus que le simple stress devant un danger imminent sur lequel on pourrait avoir un effet par une bonne gestion, le sentiment d’une impuissance devant un danger qui devient durable crée une peur sournoise et induit un défaitisme. Le mal serait déjà fait, puisque même les politiques n’y pourraient rien ! Et la politique du sauve qui peut, ramènerait à un égoïsme ou à une surenchère des assurances en tout genre. Ce stress de l’adaptation nécessaire du corps, à ces variations climatiques répétées et accélérées, par ces temps qui courent, est de fait révélateur d’une angoisse plus insidieuse : La précipitation des catastrophes dites “ naturelles ”, la mise en œuvre de violences destructrices en tout genre, volontaires ou non, ne cessent de faire peur. Le journaliste guidé par son audimat et son chronomètre se  plait à en faire l’écho.

La responsabilité de ces dysfonctionnements en incombe à l’homme et non aux dieux vengeurs. Guérir le mal à sa source, supposerait une compréhension du lien d’interférence entre la nature, le corps social et le corps humain.

L’Obsession de la vitesse, conduite par la peur du manque et la volonté du pouvoir à tout crin, crée la précipitation des énergies et provoque  fatigue, stress et  peur. Le temps (chronomètre) agirait sur le temps (météo). 

Deux mots “ obsession ” et “ vitesse ”  tous deux liés à des organes. La philosophie taoïste nous apprend que le propos, la pensée juste ont leur siège dans la rate-estomac, quand l’énergie est en manque ou en excès,  le soucis devient obsédant, la pensée devient trouble. Les stockages dans le grenier et épargnes en tout genre  focalisent la peur du manque et la peur du vol. Une panse trop pleine trouble sérieusement la pensée. Des greniers trop pleins encombrent l’intelligence collective.
La volonté d’acquisition du territoire et de l’avoir, avec force et rapidité, reliée au foie, normale pour une part, devient pathologique quand elle est sans limite, quand la surabondance ne peut même plus être redistribuée, saccagée à peine récoltée, dans une révolte de l'augmentation des prix.
 La mobilisation du mouvement tient son origine dans les reins, et donne la capacité de récupération,  quand ceux-ci n’ont pas le temps de souffler (avec une référence aux poumons), la fatigue est au rendez-vous, quand elle est répétée, elle épuise sa fonction et atteint même la force sexuelle. Les reins subissent une course après le temps, sans la capacité de récupération, et de ce fait affaiblissent la fonction du cœur.

La boulimie dévorante des actionnaires des grandes entreprises, avec la complicité de leurs “ contre-mètre-heure ”, compose la pression sur l’atmosphère météo, à en faire craquer l’ozone, qui, en  cascade, essouffle les reins. Les décisions prises après un copieux repas d’affaire, donc issue d’une pensée surchargée, ne sont pas forcément des preuves de lucidité. Les reins, courant après la course, fatigués de ne pouvoir récupérer agissent directement sur la réduction de la sexualité, énergie vitale - castration chimique pouvant aller jusqu’à des vagues de suicides, les reins s’assèchent comme les rivières. Les amygdales, miroir des reins, transmettent leur peur d’étouffement à la thyroïde, jusqu’à l’extinction des voix, y compris celle des électeurs. Celles-ci compressées, invitent l’hypothalamus et à participer à leur propre étranglement en déréglant les pendules intérieures. La chronobiologie des organes et de leurs méridiens, correspondant à des cycles de deux heures, s’en trouvent très perturbés, au même titre que les saisons. Comme le reconnaissent les vrais initiés de la nature, les arbres fruitiers ne savent plus reconnaître le printemps, les abeilles perdent le nord tout comme l’humain perd le sens de son existence.

Pression, compression, oppression, dépression du corps humain, du corps social, de la nature. Ne pas être à sa place, ou devoir répondre à une demande démesurée ou inadaptée pour l’exécution d’une tâche, soit en quantité soit en qualité, dans un laps de temps le plus restreint possible, d’une manière constante, avec le maximum d’efforts, menaces insécurisantes, forment l’agrégat du stress.

La fatigue, loin d’être une fainéantise, devrait être entendue comme un signal fort, signifiant que l’ordre des choses n’est pas respecté, et la personne humaine encore moins. Certains le savent, la fatigue peut être utilisée comme instrument de torture. Le respect de soi, et donc des autres, commence par l’écoute de sa fatigue, pour  y remédier. La violence du mépris de cette évidence humaine n’a rien de sain. Les perturbations du foie et de la rate-estomac sont bien connu en médecine chinoise, comme pouvant être la cause de désordres mentaux  très graves.

A l’heure actuelle, tout se passe comme si la seule intelligence sociétale consistait à ne fonctionner que sur un plan horizontal, sur l’axe Foie - Rate, en tenant pour obsolète la dimension verticale : l’existence du cœur avec l’essence même de la personne, des reins avec sa sexualité, des poumons avec sa force de transformation.
Et le fait de courir après le macrocosme ou le microcosme ne donne pas davantage de sens à cette verticalité.
Ce dialogue foie-- rate-estomac, dans le contexte actuel, aboutit, par ordinateur interposé, à une complicité aberrante et à une mégalomanie délirante. Les conséquences, pour le reste du corps n’en sont que plus perverses  et pernicieuses.
Comme si le foie et ses assesseurs (pouvoir, expansion économique, et armée), la rate-estomac et ses assesseurs (échanges des greniers et des héritages acquis, pouvoirs bancaires et dictats des chronomètres) trouvaient leur jouissance au détriment de l’essentiel.
Le danger des  gros contrats et marchandages exclusifs entre foie et rate-estomac excluent forcément les autres membres du corps, violent la nature sans tenir compte des saisons.
Dans le sens rate –foie, on aboutit à l’abondance des rêves et des illusions
Dans le sens foie-rate, on aboutit au désir de devenir le plus obèse du monde, associé au désir de toute puissance.
Ce système va trouver une fausse verticalité déplacée. La pression  du petit ou du grand chef va se répercuter sur le plexus solaire du subalterne, qui, en verrouillant son estomac, et s’interdisant sa parole et donc en annihilant la vie de son cœur et des ses reins, transposera lui-même cette pression sur sa famille. Colères, frustrations, abstinences sexuelles et autres maladies, seront le lot de sa soumission. L’énergie ne circule plus comme elle le devrait.

C’est toute la nécessaire et indispensable chaîne verticale des autres parties du corps CŒUR, POUMONS, REINS, CERVEAU, ainsi que leurs fonctions et leurs interactions qui est blessée, escamotée, mutilée.
Le contact du méridien conception ne semble plus exister. L’adéquation entre le dire (bouche) et le faire  (bassin) n’est plus concordant. Les relations dans leur ensemble n’assument plus la cohésion sociale. Sans contact avec le cœur l’hypocrisie remplace l’authenticité. Le cynisme remplace la concorde, l’aveuglement (excès d’énergie dans le foie rend aveugle) remplace le discernement. Le discours collectif ne reconnaît plus la créativité individuelle. L’esprit, le shen, l’âme du cœur, l’essentiel existentiel est ailleurs, c’est donc l’errance mentale.
De plus, en reniant l’existence de cette donnée fondamentale de verticalité, ces prétendus savoir-faire ordin-adorés relèguent ces liens vitaux dans des zones occultes. Les religions pseudo - illuminées par leurs guerres au nom du bien, et leurs branches associées s’occuperaient du haut pendant que les systèmes mafieux s’occuperaient du bas. Pour un peu la statistique des ulcères à l’estomac des uns correspondraient avec la dépression des autres.

 Les quatre actions suivantes pourraient alors devenir un plan de restructuration.

Lien du cœur et des reins
L’énergie verticale du cœur et des reins méritent une noble transformation par les poumons. Chaque organe est nécessaire. Le cœur a cependant une place privilégiée, les autres sont à son service en quelque sorte. La complétude est grande entre le feu du cœur et l’eau des reins. Dans un devenir en mouvement, chaque être, chaque pensée, chaque activité suivent un rythme propre : origine et gestation, éclosion et essor, mûrissement et récolte, réserve et enfouissement. Chaque être devrait faire vivre sa dimension verticale et horizontale dans un devenir et se faire respecter en respectant le lien de ses organes. 

Respect du rythme de chacun.
Le respect du rythme de chacun  peut-il être légiféré ? En ce sens, le débat sur le nombre d’heures de travail a été largement faussé, puisque il n’a pas été tenu compte de la fatigue, qui est très variable selon les individus. Le rythme cyclique, la chronobiologie, l’alternance activité-repos, la manière d’inscrire la  créativité individuelle dans l’ensemble collectif n’ont pas eu leur place. Le respect du rythme de travail selon les saisons relève du bon sens : on ne fait pas les mêmes travaux au printemps qu’en hiver. Le corps ne réagit pas de la même manière. Quand les cœurs, poumons et reins seront respectés comme dimension indispensable du corps, du corps social, les saisons et l’horizon seront plus sereins.

Respect de sa fatigue
 La fatigue devrait s’inscrire comme élément indispensable de régulation de l’activité, tout simplement pour mettre en forme, le sens. Les contremaîtres devraient facilement trouver une reconversion en bon gestionnaire de l’alternance activité-repos, gage d’efficacité ! On ne peut tirer sur un poireau pour le faire pousser plus vite. On ne peut indéfiniment tirer sur son corps sans le casser.
Une analyse de la cause extérieure du stress et une volonté de faire circuler son énergie intérieure  permettront une plus grande fluidité dans le corps et donc dans les relations. A chacun de trouver, parmi les techniques très variées, les moyens avec lesquels il se sent le plus en affinité.

La compétition, dans tous ses ordres et déclinaisons, pourrait bien être le poison insidieux et sournois du plus bel humanisme, fût-ce t’il démocratique. Le progrès ne peut être arrêté, mais chacun, à sa mesure peut faire le nécessaire pour ne pas de suivre un processus destructeur.

Décélération
La paix intérieure ne peut s’acquérir, ni dans l’agitation, ni dans la précipitation, ni dans l’accélération, elle se rencontre dans le ralentissement de la pensée et la prise en compte du rythme naturel, du souffle et du battement du cœur. Les temps de solitude choisie, et non, subie, la méditation, le retour sur soi dans une pratique quotidienne et ritualisée marqueront le contraste de la sérénité  intérieure et de la précipitation extérieure.
La paix entre les peuples rejoint cette condition. Elle ne peut se retrouver que dans un processus volontaire de décélération.


mardi 16 octobre 2018

Alchimie Autonale



L'Alchimiste Automnal



L'organe poumon,  équivalent à de l'automne, premier ministre du cœur souverain aimerait davantage faire connaître son savoir-faire alchimique, en cette époque des essoufflements en tout genre à force de courir après du non-sens, d'intoxiquer les enfants à hauteur des pots d'échappement, de sniffer n'importe quelle fumée aliénante pour se donner l'impression d'exister, au profit des créateurs de dépendances, de vivre dans des « ambiances climatisées » ventilant ainsi toutes sortes de bronchites... Après la totoche qui empêche de crier... et de dire, l'objet à la mode, pourrait bien être le masque filtrant que porte déjà certaines populations.

La force du chi, issue du poumon, de l'alternance de l'inspire et de l'expire fonde un des concepts essentiels de la philosophie Taoïste mais aussi yogi ayurvédique, comme une nourriture nécessaire et indispensable à l'évolution de la conscience, à l'alchimie des connexions neuronales, au simple développement de la personne et donc de l'humanité. La force de vie, du mouvement, vient de là. Le taux de fumée, de gaz divers, considéré par certains comme l'évaluation d'un progrès économique moderne, pourrait signer en fait la récession de l'intelligence et des consciences. Non content de détruire les capacités respiratoires en accélérant les cadences, on détruit les forêts, poumons de la terre, nécessaire à l'absorption du gaz carbonique. Reconnaître l'importance du poumon peut redonner vie à une nouvelle conscience responsable.



La leçon de la fluidité  des échanges.
C'est au sein des poumons que se produit l'apport d'oxygène et l'élimination du gaz carbonique, qui va à son tour nourrir la photosynthèse des plantes. La fluidité naturelle, involontaire, instinctive entre les inspires et les expires nous montre comment, dans la multiplicité des alvéoles, se font les échanges et à cet instar, comment il pourrait en être ainsi dans l'idéal des relations, dans la nature, et dans les activités humaines. Le tempo régulier de la respiration rend les situations fluides. La volonté n'intervient que pour donner de la densité à la force fluide. Tous les exercices de respiration ne sont là que pour donner de la consistance à la puissance du chi, dans son intention de guérison ou de combat guerrier, dans le transport de cette énergie ou la mise en forme de la créativité. Toutes les gammes de respirations nous indiquent le chemin à suivre pour la transformation et la gestion des émotions. Car c'est bien par la respiration volontaire que l'on peut acquérir une certaine maîtrise des émotions, donner une humanité et du sens aux débordements des démons intérieurs ou des jungles extérieures. L'apaisement du mental s'obtient également par l'apaisement, l'approfondissement et la régulation de la respiration, parce qu'elle nourrit directement le sang. Le poumon responsable gestionnaire du transport du chi et des liquides dans le corps va nous aider à nourrir chaque petite cellule et contourner les obstacles pour aller jusqu'au bout de nos projets. Le poumon, comme tous les transporteurs de fluides ou d'énergies, routiers, marins, fluviaux, ferroviaires ou aériens, facteurs ou autres liens de communication compris, ont tous le même sens de leur travail : assumer leur fonction dans la discrétion, rigueur, régularité, responsabilité, ténacité et courage... naturellement. Mais ils savent se faire entendre dès qu'ils sont considérés comme une quantité ou qualité négligeable, parce qu'ils sont indispensables au corps social. Aucun n'aime les bouchons, mais ils savent bloquer toute l'énergie d'un pays jusqu'à l'étouffement quand eux-mêmes suffoquent. Le corps humain et le corps social suivent la même logique.



L'intérieur et l'extérieur s'influencent,
La subtilité du flaire de l'inspire par le nez, et de l'expire par la bouche donne un moyen de connaissance spécifique des êtres et des choses, au-delà de l'intellect : « ça se sent » comme un parfum. Les odeurs nous préviennent des dangers comme elles nous attirent vers ce qui nous convient d'une manière instinctive. L'air extérieur se mélange sans frontières apparentes à l'air intérieur. Mais des filtres remplissent leur programmation sélective. La cage thoracique nous rappelle également les limites de notre capacité respiratoire, l'illimité, la toute puissance physique, psychologique, intellectuelle n'est pas ce qui convient à notre réalité d'humain. Par contre, l'espace entre chaque côte nous inviterait à reconsidérer tous les possibles, malgré les contraintes. La dilatation et la contraction des côtes tentent de se synchroniser aux battements du cœur, pour créer une harmonie, le souverain (cœur) et le premier ministre (poumon) se doivent de faire vivre une complicité cohérente. La peau également liée au poumon, nous rappelle que l'intégration de l'extérieur ne peut se faire au détriment de la vie intérieure, que la communication de l'intérieur, de notre identité ainsi protégée,  vers l'extérieur ne peut se faire qu'en prenant des précautions de la juste parole, du juste souffle faute de quoi l'asthme ou l'eczéma prendront le pouvoir. Cela s'apprend, mais pas dans des écoles où la compétition pour être un relatif « premier » en ingérant des « dopings » n'est en fait qu'une école d'épuisement des souffles. L'intérieur et l'extérieur dans la respiration se respectent, les relations intimes et les relations extérieures devraient s'en inspirer.



Sens de la séparation
L'esprit du poumon va du haut vers le bas. L'instant, l'inspire, l'instinct, flaire le subtil pour diriger la transformation de la matière en une nouvelle réalité, pour alimenter le chaudron inférieur, comme une ouverture d'aération sous une plaque de cheminée, ce qui donnera une autre forme de chi. Celui-ci sera dirigé à nouveau vers le haut de la colonne vertébrale. Les feuilles d'automne, les écorces des arbres, la pluie tombent au bon moment pour redonner du composte à la terre, qui va nourrir les racines et la sève va remonter au cœur de l'arbre. Tout ce qui, dans notre vie, séparations, deuils, déracinements, détachements, changements brusques, s'apparente à la chute des feuilles et peut donner le sentiment d'une perte, d'une régression, d'une tristesse d'un non-accomplissement est une situation normale, nécessaire, comme la mue d'une vieille peau. De plus l'énergie va devoir traverser, avec un effort de plus en plus subtile, la porte- filtre du diaphragme pour se mélanger à la matière, avec la rencontre de tous les spasmes de digestion et de gestion du dit. Comme si, ce sas, nous invitait à exercer de plus en plus de finesse quand on s'approche de la matière épaisse ou des discours bruts. Pourtant cette sorte d'affaissement, d'humble abaissement, de détachement pour se fondre dans la terre-matière du gros intestin, n'est que saisonnier et donc passagère. Cette chute d'énergie est nécessaire. La construction de l'identité doit passer par cette épreuve de « cuisson » qu'est ce mélange des énergies dans la confrontation aux autres. Transition indispensable pour grandir. La tristesse de la séparation devient pathologique quand cette lamentation perdure, prenant ainsi le pouvoir sur l'intelligence, le raisonnement qui permettrait de l'intégrer, la comprendre, la modifier. On peut se poser la question, des complaisances des plaintes en psychanalyse qui dure « plusieurs automnes » sans accepter qu'il y ait d'autres saisons ?



Entre le premier souffle et le dernier  soupir, l'arbitrage du souverain.
Le premier et le dernier souffle sont les deux pôles de la vie terrestre. Le premier souffle est évidemment la première séparation d'avec la mère et le dernier soupir la séparation d'avec la matrice humaine. Le poumon est donc intimement lié à la mère. La mère quand elle transmet le premier souffle, transmet aussi le message du dernier. Le poumon garde l'héritage de la mère, comme le foie l'héritage du père. Le poumon et le foie assument, en quelque sorte, les inconvénients de l'avantage de cet héritage. Et font revivre, comme le couple parental, leurs chamailleries, leurs fidèles conflits. L'un voulant descendre l'énergie, l'autre voulant la monter ; l'un voulant faire descendre la pluie et les larmes, quand l'autre veut faire monter la sève et l'insouciance printanière. Entre vouloir calmer l'énergie du foie ou, bien la diriger, par son bon conseil, ce qui est sa fonction singulière, son côté Yin, et l'annihiler, lui « pomper de l'air » le poumon prend quelques fois ses aises. L'organe poumon aurait une fâcheuse tendance à laminer toute velléité de progression, jusqu'à la dépression. C'est comme si intérieurement le poumon favorisait un travail de sape, avec un regard nostalgique sur ses liens et attachements du passé, voulant entraîner avec lui la créativité du foie et son regard vers l'avenir. D'où souvent un conflit provoquant le doute de la créativité. D'autant qu'avec son idée de surprotection, voire de limitations, par un feuillage surabondant, ce poumon pousserait bien son énergie, comme une mère abusive à étouffer toutes les petites plantes, toutes les promesses de vie en dessous de lui. Voulant assurer et assumer sa présence dans les moindres parcelles, il s'infiltre partout, d'où son esprit d'intrusion jusqu'à vouloir tout contrôler sans octroyer l'air suffisant à son partenaire « foie » qui, lui, veut toujours aller de l'avant, au-delà des limites imposées. Le poumon pourrait même s'enorgueillir d'être au-dessus du foie, et d'être le plus proche du souverain, pour revendiquer le bien fondé de son travail de régression. Rester assis sur ses acquis et avancer en créant ne font pas forcément bon ménage.
De plus la personne humaine, même autonome, en intégrant l'esprit de la mère, intègre aussi sa dimension de la fin de vie, de là, à vouloir précipiter la saison d'automne avant son heure pour la confondre dans la froidure de la mort, il n'y a qu'un pas que certains suicidaires franchissent.
Mais le poumon doit comprendre la force du foie pour l'accompagner et non la diminuer. Il doit intégrer sa discipline respiratoire d'une manière quotidienne, non pas seulement instinctivement mais intelligemment, méthodiquement et volontairement. Ce n'est qu'à cette condition qu'il trouvera le courage, sa qualité fondamentale, son Yang, qui lui fera déplacer des montagnes, qu'il transmettra partout, à l'intérieur comme à l'extérieur, le chi dont il est le garant. In fine, il doit comprendre, que c'est le cœur, le souverain, le shen, et son profond désir d'identité et d'existence, qui prévaut et qui va l'orienter. Le conflit entre foie et poumon ne peut se résoudre que lorsque le cœur souverain rappelle à l'ordre ses deux serviteurs, dont la responsabilité de l'un est d'alimenter l'énergie et de l'autre, celle de renouveler le sang.

C'est dans ce même esprit que l'on peut comprendre, la nécessaire séparation de la mère protectrice (poumon) et de l'enfant (foie) qui croît, comme indubitablement vital. Si la mère veut obliger son enfant à rester bébé en le gardant attaché à elle et si celui-ci ne veut pas grandir sans prendre son autonomie, l'un et l'autre ont apparemment intérêt à ce que cela dure, mais la mort prématurée de ces deux êtres est assurée. La fusion n'apportera que la confusion des identités, on ne saura plus qui de  la plante grimpante ou de l'arbre descendant, tient l'autre, l'atmosphère devient irrespirable. Le courage d'une nette séparation, d'une distance pour prendre l'air, sans doute après une intervention du père, va permettre la césure, la clarification du rôle et de la fonction de chacun, leur donnera la permission mutuelle de vivre d'une manière autonome. Faute de quoi la cigarette ou autre drogue viendra, tel un médicament, calmer une angoisse de séparation ou autre frustration d'un sein. Si elle écoutait son vrai cœur et celui de son enfant, dans la rencontre des deux consciences, des deux shen, l'erreur de la mère n'aurait pas lieu.



L'intuition du poumon.
Quand le poumon reste en contact avec sa propre intuition, quand il sait rester au service du souverain-coeur, il connaît  parfaitement les besoins fondamentaux de ce dernier. A sa demande de respect de soi, le poumon répondra volontiers par le respect de la fatigue pour récupérer, du rythme pour assurer le tempo, de la fluidité pour garantir l'écoulement de l'énergie et des liquides. Il ne confondra pas chute temporaire, éphémère et nécessaire avec régression, dépression par des lamentations et des plaintes sans fin. Foncièrement épris de liberté parce qu'il connaît les limites de l'emprisonnement, il aspire à prendre de la hauteur dans tous les débats. Les sports de glisses, voltigeurs et autres montagnards hors pistes le suivront en messagers symboliques. Sa discipline enrichira son courage naturel et alimentera non seulement sa propre force mais également celle de tout son corps. Son refus de l'étouffement, « du manque d'air », de l'intoxication informative, aérienne, volatile réveille son instinct défensif à la première alerte, et réagit soudainement par l'attaque ou par la fuite. L'oxygénation du cerveau sera sa propre gratification spirituelle par de nouveaux états de consciences. L'élévation personnelle et sociale passe par le respect du poumon.

vendredi 14 septembre 2018

Logique d’une certaine violence, vue par un taoïste


« Le monde est de plus en plus violent et nous aurons à traiter de plus en plus de violence dans les hôpitaux » disait, dernièrement un médecin qui de surcroît était ministre de la santé.

La compréhension du mécanisme d’une certaine violence, vu par un taoïste, pourrait clarifier le sujet pour entrevoir des solutions, afin d’aller au-delà du simple constat, pour le bénéfice de tous.

Selon le principe des cinq éléments, le cœur est l’habitacle du schen, de l’âme, de l’essence de la personne. La recherche fondamentale de son aboutissement motive tout être, qu’elle que soit son origine. Tous ses organes sont au service de l’élévation de cette conscience : exister dans une fidélité à soi-même, dans son authenticité intérieure, dans sa dignité, dans son intelligence, s’insérer dans une collectivité et une communication fluide, où chacun est reconnu à sa place. L’unification de l’être et sa diffusion se retrouve au sein du cœur. Le sens de la liberté ne peut être réduit qu’au simple concept très réducteur de la liberté d’échanges économiques, mais sa noblesse serait bien l’objectif de la pleine réalisation de son être.

La lecture de la dynamique de l’énergie, et des fonctions physiques, psychologiques et spirituelles des organes, nous éclaire sur l’importance du foie dans le langage de la violence, selon les références de la médecine chinoise.

Chaque organe reflète une émotion particulière : le foie, de par sa fonction naturelle de « purification » du sang, désire le coeur, vers son absolu et vers l’absolu. Il propulse l’être vers son développement, sa vitalité, vers de nouveaux territoires, nécessaires à son expansion. La délicatesse, le vécu artistique, la vision symbolique, liés au foie, reflètent l’expression de ce vouloir côté yin, la colère, côté Yang. Cette dernière est donc normale, mais elle peut devenir pathologique, quand elle est inappropriée ou en excès. L’émotion négative (colère démesurée) engendre un phénomène de surenchère. La colère engendre la colère. Pour un peu on ne saurait même plus pourquoi, le sujet se met en colère, puisqu’il n’y a plus de contrôle.

Outre ces fonctions physiologiques, le foie et la vésicule biliaire impliquent la volonté de saisir avec force, l’aspiration, la sensibilité, l’imagination, les rêves, la contemplation, la décision.
Le foie et son adjoint vésicule biliaire, corollaire de tout jugement, et ses méridiens, sont nécessaires au cœur et au sang, comme le bois l’est pour le feu, comme le désir l’est pour l’amour, comme la délicatesse l’est pour l’émotion d’être touché par le beau, comme la vue l’est pour la mise en forme et l’accomplissement de l’objectif, comme le pouvoir de décision l’est pour l’action, comme l’est l’intuition pour la conscience, comme les muscles le sont pour le mouvement, comme l’imaginaire l’est pour la créativité, comme la reconnaissance l’est pour l’existence, comme la foi l’est pour la croyance (le foie : masculin - la foi : féminin ? )

Un principe de la médecine chinoise considère que l’organe peut être blessé soit par un élément extérieur, soit par une émotion, soit par les deux éléments. L’organe lui-même, ses méridiens et sa fonction propre sont lésés mais aussi l’organe voisin, par voie de cascade. L’énergie du foie monte, d’ordinaire, vers le haut du corps et elle est comme retenue par l’énergie eau des reins, qui ont, eux aussi, une fonction régulatrice. Faute de retenue par l’eau (fondement des reins) cette force monte en puissance d’une manière désordonnée, et blesse la fonction du foie et du « voisinage. » Elle peut devenir destructrice, bestiale, mordante, provocatrice, tueuse. Si donc cette énergie «monte à la tête » sans le contrôle des reins, le désordre s’installe, la chaleur monte et devient anarchique. L’excès d’énergie dans la tête peut, par exemple être la cause de céphalées, comme d’un excès de rêves ou d’autres formes de délires hallucinatoires ou de manifestations colériques exorbitantes (qui sort des orbites). Et quand la colère monte, suit la logique de perdre pieds, perdre la tête ou perdre ses racines. La colère devient insensée, c’est-à-dire quelle fait perdre le sens, jusqu’à la folie.

Toutes les fonctions du foie qui devraient être des régulateurs de douceur, se transforment en ingrédients de violence, si cette énergie du foie est déviée de son essence. Toutes perturbations, déviations ou dérapages en excès ou en manque de ce système d’échange, engrangent des conséquences sur ces dites fonctions physiques, psychologiques ou spirituelles. La violence est le résultat d’excitations excessives ou perverses du foie.

On peut considérer que toute agression qui force le foie, stoppe sa fluidité, contrecarre son mouvement, détourne son essence, supprime sa retenue (par des reins trop faibles), agresse le système immunitaire (y compris le système de défense psychologique), fausse le jugement, précipite le mouvement musculaire et oculaire, augmente la pression sanguine dans la tête, perturbe le cycle des rêves, dés- approprie un territoire essentiel, provoque l’envie d’une manière inconsidérée, détruit on annule une reconnaissance, fait monter la pression, attise la colère, excite sans fin la sexualité, annule la recherche de son absolu, causent de la violence. Ce qui revient à supprimer le sang du cœur ou à le contaminer. Pire encore est la sollicitation intentionnelle de l’énergie existentielle ( faire croire à un épanouissement), et d’en bloquer, dévier ou détourner le processus d’évolution pour un profit étranger à la personne concernée (Force de travail engrenée par une politique du presse- citron ou sexualité mercantile).

Le casseur, le conducteur fou semblent faire appel au même registre. Un vide de cœur en face d’eux, un même feu du foie pour une quête de reconnaissance, pour la prise d’un territoire…imaginaire, sans limite, une absence de retenue et de réserve des reins. Le foie a besoin de savoir « qu’il a de quoi manger, pour le transformer » d ‘accepter son élan vital, fluide, reconnu par soi avant de l’être par un autre, « alchimiser » le sang, et combler le cœur par la conformité à son authenticité, son autonomie, sa dignité « le rêve qui le tient le plus à cœur. »

Certains cancers et quelques coureurs dopés acceptent une dépendance à un maître du jeu, sans que leurs vésicules biliaires puissent dire non à un « responsable » envahissant, comme si leur territoire ne leur appartenait plus et leur propre désir devait être renié ou bafoué, pour le prix d’une pseudo- reconnaissance, violence subie d’une part, violence active d’autre part. Le vide d’énergie du foie annihile toute affirmation de soi.

Le foie fabrique des enzymes qui dissolvent les graisses, dispatche le sucre dans les muscles ou le stocke dans les graisses. Il crée des substances indispensables au système immunitaire par ses substances antitoxiques et protectrices. Un système alimentaire inapproprié peut donc s’avérer être d’une violence, sournoise certes, mais violence tout de même, d’autant que le phénomène habitude, aveugle la liberté de décision. On peut espérer que cela ne soit pas soit intentionnel, ni pour celui qui l’ingère, ni pour celui qui fabrique les aliments ! En premier lieu on peut penser au tabac, à l’alcool, aux surcharges médicamenteuses ou drogues, mais les aliments poussés aux pesticides ou antibiotiques ne sont pas conçus pour drainer le foie, bien au contraire. On pourrait dire : « tu es ce que tu bois, ce que tu inhales, ce que tu manges, alors pourquoi bois-tu, inhales-tu, manges-tu ce que tu hais ? »

Les muscles sont aussi solidaires du foie. Tout accélérateur de vitesse du mouvement, non conforme a l’évolution naturelle est une agression du foie. Faire pression, sans respecter le rythme, alimente le processus des colères, encore plus, si cette pression journalière devient répétitive. La concurrence et la compétition impliquent la violence. 

De plus elles sont souvent présentées comme une obligation inéluctable !!! La pression amène à la compression, voir la répression. Devant ce diktat, la dépression est parfois utilisée comme soupape ou recours, faute de pouvoir se mettre en colère justifiée, cette fois, face à une agression intrusive, du rythme, du temps, voir de l’espace vital. Combien d’alcoolismes seraient dus à cette impossibilité de dire ses priorités existentielles ? Il y a donc colères et colères. Mais faire l’apologie de la colère, et de surcroît, dans des groupes dits thérapeutiques, pour un pseudo dégagement d’un refoulement, justifiant cette pratique, ne peut qu’engendrer des dégâts considérables, à long termes, pour la construction de la personne. Désarchivage insensé, contraire à la nature du foie. Apprendre à dire non, mérite autant de délicatesse que d’affirmer ses choix. Gérer l’énergie montante est une tâche noble. C’est aussi le rôle du foie et de la foi, prise, ici, dans le sens de confiance dans le potentiel évolutif humain, sans adhésion à une religion.

Les yeux et la vue, sont les fenêtres du foie. Les néons, les ordinateurs à plein temps, les forts dosages de télévision, les variations excessives de lumières, la conduite, contribuent sournoisement à tendre des nuques et à crisper des mâchoires, pour laisser place à des cris d’exaspération au moment de la fatigue, indépendamment du contenu, à fortiori quand il s’agit de scènes violentes.

La sexualité est également reliée au foie par l’afflux sanguin. Le plein épanouissement de l’être, passe nécessairement par la sexualité. L’ascèse, l’absence de sexualité est toute aussi violente qu’une sexualité dispendieuse. Son contrôle ne veut pas dire négation, et sa liberté ne veut pas dire éjection inconsidérée. La prostitution qui détourne la sexualité au profit de l’argent est aussi violente que l’église catholique qui interdit la sexualité. Le domaine de la sexualité est le lieu privilégié de la jalousie et de sa cohorte de violence, comme si le corps du partenaire devenait une propriété. La fusion de deux être déclinerait une confusion entre l’avoir et l’être, entre moi et l’autre, entre la vie et la perte de celle-ci, entre la peur de la solitude et le désir d’être compris. Cette confusion n’intervient que lorsque les partenaires n’ont pas confiance en leur foie et cœur respectif.

Le foie se relie symboliquement au printemps. Les retards de créativité, (comme si l’on voulait retarder, supprimer le printemps), ou l’absence de réponses à des urgences en laissant pourrir des situations, sont des perturbateurs de l’élément foie, et responsables de colères parfois disproportionnées, souvent appropriées. Aucune accoucheuse ne pense faire naître un bébé à douze mois de grossesse au lieu de neuf, aucun chirurgien ne pense laisser une gangrène s’installer.

L’apaisement du mental (idéal du foie) est mal mené lors de procédures judiciaires qui se transforment en procédés dilatoires d’usure, par des reports successifs. Ils font monter des colères et frustrations, de l’amertume revancharde, pas l’équité. Le respect de l’accomplissement d’une action, en son temps, et de son mouvement qui l’accompagne, serait le gage d’une non-violence active et d’un confort plus serein.

Dans les relations, la colère, quand elle devient systématique enkyste une situation, sclérose une dynamique. La fluidité veut dissoudre la tension d’un vouloir obsessionnel d’une prise de pouvoir, pour s’orienter vers une autre tension, une émotion conviviale et créatrice. Tout ce qui contrarie la fluidité de la parole existentielle, nécessaire à sa propre réalisation et à celle d’autrui, mine l’harmonie. Cependant  en certaines circonstances une colère peut s'avérée  être une saine colère, pour dire stop à un abus.

Le foie confie volontiers sa loyauté à la loi. Sa claire voyance assistée de la vésicule biliaire, son général des armées, donne un à priori favorable à la règle : tout va dans le bon sens du sang. Le cœur lui redonnera, en réponse sa reconnaissance. Mais si la loi (sociale) confisque cette confiance, devient injuste ou aberrante, le foie se révolte et peut devenir guerrier. Son contrat de confiance a été dupé. Sa tolérance est d’autant mise à l’épreuve que cette dite loi peut se draper dans une souveraineté intouchable. La foi du foie n’y comprends plus rien. La souveraineté serait normalement accordée au principe du cœur digne, conscient et authentique.

Utilisée à bon escient, une frustration peut être bénéfique pour retarder un plaisir, comme pour attendre le cueillette d’un fruit mûr. Mais la frustration castratrice et systématique érigée en principe d’éducation agresse la reconnaissance, dont a besoin le foie. La provocation des vitrines et de leurs fascinations, face à ceux qui n’ont pas ces biens, attise le foie, le désir, la frustration, la colère. L’impétueuse sommation, à l’endetté manipulé, de devoir payer des intérêts, et d’en rajouter d’autres pour ses retards, va encore bien au-delà. Cette frustration stérile anesthésie toute velléité sociale de se redresser (au sens de la dignité, faisant encore une fois appel au coeur) ; elle peut aller jusqu’à tuer, celui qui se sera « suicidé. » C’est la provocation qui crée de la violence et non pas le désir qui est refoulé. C’est la provocation à la violence qui devrait être réprimée et non, l’intolérance à la frustration. 

La non-reconnaissance, la castration et la frustration sont les trois ingrédients majeurs qui alimentent le fiel de l’amertume, de la haine de la vengeance.
Violence subie - Violence choisie
Violence active -Violence passive
Violence contre soi - Violence contre autrui
Violence personnelle - violence collective
Violence masculine - Violence féminine
Violence pour avoir - Violence pour être
Violence de l’inertie - Violence de l’activisme
Violence interne - Violence externe
Violence durable - Violence ponctuelle
Violence sournoise - Violence ouverte
Violence du manque - Violence du trop plein
Violence de la maladie - Violence du soin
Violence déniée - Violence adulée
Violence verbale - Violence corporelle
Violence du père - Violence de la mère
Violence du parent -Violence de l’enfant
Violence de quartier - Violence d’un peuple
Violence de l’ouvrier - Violence du patron
Violence du religieux - Violence du militaire
Violence administrative - Violence du citoyen
La violence peut avoir l’une ou l’autre de ces caractéristiques binaires ou plusieurs à la fois. Elles sont toutes imbibées de la violence de la compétition, de la concurrence et de la violence de l’obéissance, de la soumission.

Les simples réflexions suivantes induisent et réorientent le mouvement du foie dans le sens qui devrait être le sien :
violence musculaire : après quoi tu courts, pour réaliser quoi ?
violence visuelle : que veux-tu voir Claire, pour ta progression personnelle ?
violence nourriture : pour quelle conscience as-tu besoin de manger ?
violence sexuelle : quel type de relation sexuelle veux-tu avoir, pour ton épanouissement ?
violence territoriale : de quel espace as-tu réellement besoin, pour l’accomplissement de ton oeuvre ?

La résolution de la violence pourrait s’envisager dans l’apprentissage du contrôle de la colère, des pulsions du foie, de la gestion de sa sexualité (Les viols et la pédophilie sont bien de tristes exemples de son non- apprentissage).

Le foie est au service du cœur, et donc de la conscience, non au service de la folie. Il est au service du lien, non du délire. Il est au service du jugement et du discernement non au service de l‘abus de pouvoir sur autrui. Son apprentissage devrait se faire à l’école, à l’adolescence (printemps de la vie adulte) par des initiations particulières. Apprendre que la force ne vient pas d’une démonstration de Yang, mais de l’acquisition du Yin et de son développement, devrait être la règle pour une vie collective.


Stratégie
Avoir une réelle volonté de supprimer les causes (on ne peut prétendre construire des armes et s’étonner qu’elles soient utilisées pour l’acquisition de territoire ou un meurtre ; on ne peut fabriquer du tabac et de l’alcool et s’étonner que ces produits tuent, en se déchargeant de sa responsabilité sous le prétexte que l’on a des adultes en face de soi ; on ne peut provoquer et s’étonner de la frustration et de la violence induite ; instituer le « harcelling » et s’étonner des conséquences du stress ; on ne peut prôner l’arrogance politique comme modèle relationnel et s’offusquer des incivilités, etc.)
Travail personnel sur ses propres colères
Le drainage du foie peut se faire par une alimentation, oligo-éléments, plantes appropriées, mais aussi par une régulation de l’émotion de la colère.

Cette volonté de gagner sur ses colères demande une vigilance constante, jamais gagnée d’avance, et toujours à renouveler. Chaque colère maîtrisée (et non pas réprimée) se transforme en une source d’énergie, libre pour un enrichissement personnel et relationnel, et donc d’un réaménagement du tissus social. Chaque jalousie apaisée nourrit le cœur et donc son essence personnelle. Reconnaissance et Valorisation.

Identifier son Elan vital identitaire et les projets qui en découlent, (et non celui qui vient de l’extérieur ou du regard intéressé du banquier). Le recentrage constant de cet objectif serait la condition exigeante pour qu’il réussisse, qu’il dure, et apporte une gratification vertueuse.
L’apprentissage du respect de soi et de son propre rythme (lui-même variable en fonction de multiples paramètres) est la base de sa valeur.
La recherche la reconnaissance de sa valeur auprès de personnes bienveillantes.
Baisser le Yang du foie
Le refus de la compétition, de la concurrence, de la pression, de l’accélération contribue à sa construction personnelle et à l’équilibre harmonieux d’un environnement relationnel, social et naturel. Quand les colères montent, les énergies s’échauffent. Le réchauffement de la planète viendrait-il de la somme de frustrations, colères rentrées ou froides, de colères de défense face aux humiliations ou colères d’acquisitions territoriales, capitalisant les foies exacerbés au bénéfice du profit, au détriment de la voie des cœurs ou du voisinage. Le bon sens politique et sa logique voudrait l’aménagement fluide des relations, du travail et des peuples entre eux ! 
Le monde est-il malade du foie ?

Développer le Yin
L’accompagnement de la fluidité, et le développement de la création autonome et artistique forment le socle de la puissance.
C’est par la tendresse et la sensualité que jaillit la transe sexuelle. C’est par le repos que se manifeste l’intuition. Et c’est l’intuition qui soutient le sens de l’action dans la durée, et non l’agitation et la course au prestige.

La musique adoucit les mœurs, mais alors pourquoi ne l’utilise-t-on pas dans des situations de violences. Cependant là aussi, certaines musiques ( forêts de décibels, qui deviennent une jungle) réactivent l’agitation du foie. La musique nostalgique répondrait sans doute plus, à l’effet recherché.

La position sécurisante normale des reins, ne peut être confondue avec la manipulation de la peur sociale, qui elle, excite le foie et donc la violence. Il s’agit donc de renforcer la confiance dans les reins, non de les menacer en provoquant la peur. Donner de la confiance à la création de chaque être (par des micro-crédits, par exemple) renforce la sécurisation, plus que la déstabilisation du chômage.

La référence à un conseil des anciens du village, de la tribut relève de cette même action, du bon sens. Le conseil constitutionnel, l’Académie française, et autres chambres de « sages » seraient bien avisés de réviser les paroles de la Marseillaise. L’honneur et la dignité (conscience du cœur) s’en trouverait grandit.

L’eau éteint le feu. Les fontaines dans chaque quartier par leur fonction de régulation vont bien au-delà du simple esthétisme. Une fontaine à la place de chaque calvaire donne une autre signification et une autre présence à la convivialité.

Il vaut mieux apprendre à se faire comprendre que d’apprendre à taper du poing. Il vaut mieux l’art du massage qui peut devenir familier et familial, pour une prévention de la santé plutôt que l’apprentissage des arts martiaux.