dimanche 20 février 2022

 

Le revers de l’élitisme

 

-« Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien.

-"Je traverse la rue, je vous trouve du travail"

- "Des Gaulois réfractaires au changement"

- "Je ne céderai rien "ni aux fainéants, ni aux cyniques"

-"Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder s'ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas, parce qu'il y en a qui ont les qualifications pour le faire et ce n'est pas loin de chez eux".

-"les femmes salariées de chez Gad sont "pour beaucoup, illettrées". 

 Autant de petites phrases égrenées, pour n'en retenir que quelques unes, qui ont pu m'interpeller sérieusement. Ce ne sont pas seulement des mots attachés les uns aux autres, pour remplir une banale discussion, ils ont été sciemment évoqués devant les caméras et journalistes pour qu'ils soient retranscrits,  ils ont  un sens et une portée, à fortiori provenant de notre président. Il s'agit en fait d'une éloquente démonstration de ce qui le porte : issu d'une élite, c'est devenu son moteur, sa composante, il ne jure que par l'élitisme.

Nombreux sont les aspirants à vouloir faire partie d’une élite,  mordre dans cette pomme qui amènerait à une certaine distinction paradisiaque. Cette notion d'élite s’inscrit dans toute la société et dans tous les registres, élite intellectuelle, élite sportive, élite des médiateurs, élite juridique, élite militaire ; même, élite religieuse pour n’évoquer que quelques tranches de ce fruit tant convoité. Déjà à ce niveau, on se rend compte que l’on y met pas tout à fait la même chose, ce qui d’emblé laisse percevoir le facteur relatif de la chose.

 « Ensemble de ceux qui, dans un groupe, une société sont considérés comme les meilleurs, ceux qui se distinguent par le mérite » dictionnaire de l’académie française.

Cette attirance, n’est pas innée, elle est acquise, inculquée et  déjà dès  le plus jeune âge. Elle  semble faire partie de toutes les instances, une sorte de règle du jeu tacite, admise et peu interrogée sur sa légitimité. Michaël Sandel parle de la « Tyrannie du mérite". Je m’autorise quelques questions : est-ce vraiment une « valeur » constituée ou n’y a-t-il pas un ver dans la pomme ? Peut-on porter un autre regard sur ce phénomène social ? L’excellence passe-telle systématiquement par adhésion à une élite ?

 Au nom du dépassement de soi, la compétition, les concours,  se diffusent insidieusement dans toutes les strates sociétales. Cette « norme » de l’inconscient collectif, prévaut, comme une loi, sur bien d’autres considérations.

 Dès l’école, le système de notification, n’est pas motivé seulement par l’acquisition d’un savoir mais surtout par la mise en place d’une hiérarchie des meilleurs, pour le service des meilleures  entreprises. Les « décrochés scolaires » sont là pour nous rappeler le gâchis dont ils sont l’objet, ce n’est pas qu’ils soient moins intelligents, mais que l’école telle qu’elle est pensée en fonction de l’élitisme, les exclut. Pour ceux qui sont sélectionnés, il s’ensuit la course aux diplômes, tous aussi sélectifs les uns que les autres. L’induction des professeurs, l’angoisse des parents pour que leur enfant réussisse, le besoin de reconnaissance des enfants tout concourt à faire exister cette machinerie, bien huilée, pour viser une performance. Or il n’est pas besoin de l’élitisme pour être performant. C’est oublier que les talents ne proviennent pas que des apprentissages du par cœur, c’est oublier que le prestige, lié à l'argent dans  une dimension sociologique, n’est pas une preuve d’un savoir faire, c’est oublier que l’angoisse des parents transmise aux enfants, ne leur donne pas de la force et l’assurance dont ils ont besoin, c’est oublier que le besoin de reconnaissance est essentiellement un besoin d’amour, moteur essentiel de leur évolution. C’est oublier que des génies créatifs peuvent se trouver en dehors d’un système  scolaire établi. Toutes ces sélections aboutissent à des exclusions, avec le lot de punitions dévalorisantes, contraire à l’unité qui enrichit le collectif.

 La pression mise sur certains étudiants par une autorité, sous prétexte de l’apprentissage à l’effort, comme celle accusée par des ouvriers par des cadences imposées ou celle subie par les sportifs par le passage "obligé" de la douleur lors des entrainements, n’engendre que des inégalités, des peurs : peur de ne pas réussir, peur de ne pas être à la hauteur, peur d’être mangé par l’autre  pour les entreprises, peur du manque, peur d’être laissé pour compte et d’être exclus d’un groupe, peur de l’étranger, etc. pouvant aller jusqu’au burn-out.  Mais la peur n’apporte aucun bénéfice et affaiblit les capacités d’initiative, elle parasite la spontanéité et les forces vives. On est loin d’un respect de l’évolution selon le rythme de chacun, forcément différent selon les individus.

 

Ces catégories normatives, formées à partir de normes culturelles, de l’argent et d’un carnet de relations, comme faisant parti d’une des « élus », ne se justifie pas. Toutes ces cooptations fluctuent selon des critères arbitraires et empêchent Les élites entre elles vont se faire la guerre, et à l’intérieur de cette caste, la règle d’être le plus fort, le ou la meilleure, bat son plein et favorise le développement des égos, parfois à couteaux tirés, comme s’il s’agissait de la seule voie de salut. Dans ces clubs fermés des privilèges,  tout est fait pour faire valoir l’arrogance, le mépris de ce qu’ils jugent comme inférieur à eux, comme s’il s’agissait de quelque chose de normal. Dans cette situation, le combat, l’obtention d’un pouvoir y est souvent  le graal où tout serait bon pour le sauvegarder, les combines, les manipulations et autres travers, mais de quoi est constituer  ce pouvoir et où mène t-il ? Rien de glorieux dans ces acquis éphémères ! L’élitisme nourrit intrinsèquement la violence, la prétention de tout connaître, tout en méconnaissant les limites de chaque savoir et en attisant les envies. "Nous sommes les meilleurs, les autres des sous- hommes" conduit  à des excès aberrants, entre familles, voisinages, nations, jusqu'à l'eugénisme. On voit où cela mène!

La pomme est pourrie

On peut s’interroger sur la définition de l’académie française « ensemble de ceux qui dans un groupe, une société sont considérés comme les meilleurs » mais comment se constitue ce groupe, ceux qui sont considérés par qui, et sur quelles références abstraites, et aléatoires du moment?  _ « qui se distinguent par le mérite » mais sur quoi se distingue le mérite ? Croire que seule, l’élite travaille est un leurre. Les femmes de ménage  et celles  et ceux qui se chargent de tâches ingrates sont bien plus méritants que bien des professions aux salaires mirobolants au confort ostentatoire.

sûr de lui

son diplôme le propulse

vers le doute

 Associer l’élitisme à un prestige honorifique, acquis par un  héritage conséquent montre bien, qu'il est fondé sur de la subjectivité et des croyances. L’appartenance à une élite, ne peut se prévaloir d’une moralité rayonnante, l’actualité fait état de bien des désillusions quand apparaissent des méfaits notoires et peu enviables. La relativité de cette notion cet apriori d’une élite, s'appuie sur rien de fiable, sur des fantasmes de toute puissance pour n’être qu’en bout de course qu’un mythe. Mais ce fantôme a la vie dure, même devant l’évidence. Cependant, certains individus, issus de ces « grandes écoles » atteignent, malgré leurs connaissances une grande humilité devant tout ce qu’ils ont encore à apprendre. Dans d'autres sphères es personnes issues de milieu plus modestes, doivent redoubler d'efforts pour s'élever socialement. Mais l'idéologie d'une "échelle sociale" signifie l'idée qu'il y aurait une hiérarchie, dans le subconscient collectif tout aussi arbitraire que l'image du "premier de cordée". L'élévation personnelle s'extrait de cette construction illusoire.

A vouloir être toujours le premier sur le podium engendre à un moment donné une chute, l’élitisme s’autodétruit. L’appartenance à une élite n’est pas le gage d’une intelligence. La rivalité dans un combat continuel promet tout le contraire d’une fraternité, jusqu’à en devenir anticonstitutionnel ! Croire à  l’unité  d’une société, dans ces conditions, dans un  refus notoire de la différence, relève de l’imposture intellectuelle.

 Le but d’une société juste et équitable devrait pouvoir organiser la valeur de tous les talents à quelque échelon qu’ils soient, pour le bien collectif. L'économique comme seul critère d'évolution devient destructeur. Chaque humain naît avec les mêmes besoins, avec les mêmes étapes de progression, enfants, adolescents, adultes, vieillards. La conscience individuelle est la même pour tous, dans la recherche d'une certaine sagesse, d'harmonie de félicité. Le quotidien déborde de preuves allant dans ce sens. A nous de nous en saisir. Notre pleine présence en chaque acte, nous y conduit. Dans chaque parole nous pouvons vérifier si derrière ces énoncés, ne se cachent pas l'élitisme. Dès lors l'argument est discréditer de lui même, puisque sans fondement. Une clé pour le discernement.

 

Le pouvoir calé

en douteuses certitudes

passe la mode

 

Les élites se délitent

 

 

 

Serge Blanchard

jeudi 8 avril 2021

 

ESPACE DU TAO

 

En ces moments où nous pourrions « perdre le sens du nord, ou le bon sens», dans ces actualités perturbantes, je me réfère à la pensée Taoïste, porteuse d’espoir, sous quelque latitude que ce soit. Que peut apporter le Tao comme lecture, pour un peu  de recul et de hauteur, par l’entremise du Yin Yan ?

 

Dans le TAO, promu par la pensée chinoise, tout être humain, événement, phénomène, situation, action, relation, interactions et bien évidemment le corps de chaque individu, etc.… tout sans exception, se compose en Yin Yang, deux forces en perpétuel mouvement. Dans l’apparence simple  de cette formule,  se cache à mon sens une complexité. En occident, quand on parle du yin-yang, nous avons la fâcheuse tendance à voir le monde,  les événements, nos relations en mode binaire blanc-noir, fort-faible, bon-mauvais et surtout à lire la force Yin comme inférieure, voire négligeable. Ceci prête à une grande confusion, et conduit à des dérives dommageables, faute de saisir toutes les nuances, dans cette fausse interprétation très réductrice.  Dans le langage Taoïste, Yin-Yang ne sont pas séparés, il s’agit d’un seul mot, d’un seul élément depuis  le big-bang originel, deux forces en fusion. Ces deux forces  binaires n’ont pas la forme de la séparation, de la dualité, l’un dépend de l’autre  et se nourrissent  de façon complémentaire; du couple éclot la créativité.  Une autre notion apparait, du fait de ces deux forces en présence, tout est en mouvement, constant. Dès que le yang prend de l’importance, le yin se fait jour et inversement. Le Yang ne peut exister seul, le Yin ne peut exister seul. La transformation du Yin vers le Yang et du Yang vers le Yin sont constant.  Le Yin s’introduit là où le Yang se manifeste, le Yang s’introduit dès l’apparition du Yin. Il nous faut comprendre qu’il s’agit d’un  Mouvement en continuum vers  une Harmonie, dans une danse de l’une à l’autre force, un peu à l’image de la marche d’un pas après l’autre, un Equilibre en situation de mouvement. Mouvement et Harmonie coexistent. L’être humain baigne dans ce mouvement où tout est transformation. Seulement le temps du Yin et du Yang ne nous appartient pas.

L’Harmonie est  donc le fondement, et cette harmonie ne se trouve pas forcément où l’humain la pense, d’où cette grande question de la relativité et la nuance. Notre regard semble donc bien limité; et il nous est bien difficile de repérer à quel moment débute et finit l’un ou l’autre mouvement, tant que nous sommes obscurcis par nos  limitations de vue, et par les films de notre mental, développés par les peurs et les obsessions de tenir  les commandes du  « navire ».  L’humain par son intervention, voulant satisfaire ses besoins faisant usage d'une avidité arrogante sans borne,  peut pousser les excès, de sa démesure, jusqu’à son propre péril et déformer la trajectoire tranquille du Yin Yang.  La Nature asservie, reprend ses droits,  non sans des remises en question  des acquis et des habitudes. La forme que prend cette Harmonie nous est inconnue au même titre que l’on ne connaît pas le visage d’un enfant en gestation, de même qu’un sculpteur ne connaît pas  la forme de sa spontanéité.

 

fraîcheur de la nuit

constellations de mystère

nos yeux trop petits

 

  De mon point de vue, notre civilisation vit la fin d’une période beaucoup trop Yang, exagéré et déformé par l’œuvre de l’homme, et nous avons besoin du Yin.

 

Deux exemples parmi de multiples illustrations quotidiennes, pour illustrer ceci :

 En réponse  à la mondialisation de la concurrence sans fin, à l’expansion d’acquisition de matières premières, de déforestations, d’enrichissement, de volonté de pouvoir  par des guerres, au point de détruire la terre et la dénaturer,  le covid-19 est arrivé apparemment d’une façon anodine,  un petit virus qui s’est installé mondialement.  La petite force Yin  a surpris tout le monde, de par sa nature et son ampleur. Cette petite force se transforme en yang par ses variants. Tout est remis en cause.  Le premier confinement Français a mis en exergue, comme si nous l'avions oublié, l’interdépendance des services, des professions, toutes essentielles,  chacun à sa place,  la solidarité des  gens les plus humbles, la fragilité des artifices dont on s’est entouré. Le monde du travail doit se repositionner sur le sens même du travail. La course yang de la rentabilité, d'accélération, d'agressivité, de violence, du non-respect du rythme naturel de l'action-repos et des cycles saisonniers, de la santé des collaborateurs, n'aboutit qu'à la propre mort des exploitants en tous genres, qui se sabordent eux-mêmes en ne voulant pas tenir du compte du Yin.  Cette période nous invite à une intériorisation vers plus de simplicité authentique, de proximité et à remettre en cause toutes nos postures de pouvoirs, les positions hiérarchiques, dans toutes les sphères. Nous avons redécouvert également la priorité de la santé, une force Yin, quand elle n'est pas détournée comme un moyen d'exploitation. Sans elle, rien ne peut suivre.  On serait bien inspiré d'entrevoir la fatigue, la saturation, comme un critère capital de bonnes conditions de travail, à inscrire dans les contrats de travail. On aurait finit par croire, à notre invulnérabilité, en un mythe du déni de la maladie et de la mort, que l'on ne saurait voir, jusqu'à envisager  des corps  éternels !

 

la p'tite bête qui monte

s'immisce dans tous les comptes

d'un monde bancal

 

Donc, vu seulement d'un point de vue masculin dominant,  considérer que la  femme comme sous la seule étiquette du "Yin inférieur,  négligeable" le sexe "faible" et de ce fait, pouvant s'octroyer tous les droits sur elle par des contraintes, des limites, des ordres est non seulement une erreur, mais un non sens caractéristique, d'une ignorance et d'une absurdité magistrale. Appréhender la nature de la même façon, se révèle tout aussi néfaste et dévastateur.

 

 

L'homme en niant sa vulnérabilité, son côté Yin a cru qu'il serait le plus fort en imposant sa loi sous toutes ses formes, y compris la violence, patriarcat, machisme, etc, il en a usé et abusé depuis des siècles. Aujourd'hui dans tous les pays, on assiste aux mouvements des femmes,  qui s’internationalisent, et on ne peut que s'en réjouir pour que l'Harmonie se rétablisse. Ces mouvements prennent différentes formes, de la revendication égalitaire du savoir et des responsabilités, du rôle d’esclaves à la dignité consciente de leur importance, de leur sensibilité spécifique mais aussi, de la revendication  de la féminité  dans leur chaire, avec le respect qui leurs est dû.  Toute cette transformation de la société me semble inexorable par et pour l’apport du Yin. Le jeu de l’équilibre et de l’harmonie s’impose. Avec ces mouvements féminins, j’établis un lien parallèle avec le retour à un autre mode de vie,  dans la perspectives non d'une régression, mais d'une évolution spiralée, vers une nouvelle manière de nous nourrir, d'entretenir notre sante ou des rapports humains, comme si nous avions perdu nos références  à nos racines.  Et le Tao a déjà toutes ces façons d'être, en son essence

 

Nous sommes impliqués dans ces courants Yin Yang. Notre corps en est même la synthèse et nous sommes complètement imprégnés du Yin Yang qui circule, au service de notre conscience. Chacun de nos organes interagissent sur le physique ou sur le mental. Notre intérieur agit sur l’extérieur et s'influencent mutuellement. Chaque organe nous invite aussi à comprendre que tout être humain a ses limites. La toute puissance, n’est pas notre nature.

 

Seul le bon sens de notre conscience, posée dans le calme, et la profondeur, peut nous éclairer.  Elle sait. Elle connaît intuitivement la mesure des choses et tout un chacun en dispose. Ce n’est pas une question d’élitisme, ou de pseudo intelligence ou de manque d’instruction. Le langage populaire nous interpelle même dans sa justesse, et sa sagesse innée. Toutes ces consciences individuelles, respectées dans leurs essences peuvent se réunir, et quand cela se produit, un miracle d’harmonie collective se fait jour, comme une évidence qui s’impose à un ensemble. Cela suppose de vérifier toutes nos peurs d’accepter que nous ne maîtrisons pas tout, et que l’inconnu  et le hasard peuvent nous apporter de bonnes surprises.

Nous avons l’opportunité de faire vivre la Fluidité des choses et des relations et l’Emerveillement. Nous avons la capacité du discernement et le choix possible de favoriser Le Yin pour participer à cette harmonie y compris par notre parole que ce soit sur la forme ou sur le fond.

 

samedi 7 novembre 2020

  

Du Passage à l'Acte au Non-Agir

 

Tonnerre de Dieu !

  

Passage à l’acte du ciel, se désencombrant d’une tension électrique énorme, de nuages lourds chargés de noirceurs humides, de polarités incompatibles ;  pacte  entre le ciel et la terre, déséquilibré, dénaturé ou rompu, le tonnerre pourrait bien symboliser nos passages à l’acte d’humains. Éclair du sombre et du clair. Chaque jour nous sommes confrontés à des passages à l'acte d'intensités variables, de diverses natures. Ils font appel à des affects très différents. Observons quelques unes des composantes du passage à l'acte à travers la philosophie taoïste, du plus violent au plus subtil.

 

Passage à l’acte, le «  mal » aimé

En occident, le passage à l'acte a une connotation négative et répréhensible  « L’acteur » passe outre un interdit, transgresse une loi humaine dictée comme souveraine. Le passage à l’acte n’a pas la même valeur selon que  l’on se situe du côté de la société ou du côté de l’individu. Les tribunaux, au nom du vivre ensemble dans la société, fustigent le passage à l’acte violent sans pour autant en saisir tous les  fondements de la composante psychique. La loi serait supposée contrôler les actes insensés.  Comme si la loi par son seul fait d’exister suffisait à supprimer tout passage à l’acte violent. Les prisons sont pleines « d' artistes » fous du passage à l'acte.

 

L’analyse psychiatrique semble aussi dédouaner la société quand l’acting'out est décrypté comme le fait de la seule remise en cause de l’individu, par l’économie d’une symbolisation, de son intolérance à la frustration, d’une fragilité du moi, absence de maîtrise des pulsions. Ce terme frustration peut trouver un écho dans la manifestation de l’enfant roi  tout puissant « qui veut tout, tout de suite, et rien que SA volonté » sans limites des passages à l’acte colérique. Il est seulement à l’image d’une société qui a fait le choix du tout consommable sans limite, de l’exigence égoïste « du rien que pour moi. » Mais cela ne tient plus quand frustration serait la justification de limitation de la pauvreté, ou de la soumission, de la non-réalisation du moi, comme s’il suffisait de symboliser, d’accepter la frustration, la castration et la mort, pour que les choses soient réglées. Cela ne peut devenir une référence en soi. Mais au départ pourquoi cet individu n’a pas pu apprendre les fondements même de sa réalisation?

  Ce n’est pas le lieu ici, de faire  l’étude de toutes les motivations et de la complexité mentale qui pousse quelqu’un au crime, à l’inceste ou à la pédophilie, actes réprimandés par toutes les sociétés, mais sommairement on peut admettre qu’il s’agit d’un cri de sa non-existence, d’une non-reconnaissance, perte d’identité, perte de sa perception corporelle et de son appartenance à une collectivité, absence de lien du cœur avec les autres organes, rapport parentaux défectueux (père absent et mère abusive). Et là où nous en sommes, nous ne pouvons que constater les dégâts d’une non-prise en charge éducative du respect de la vie.

 

 Sans issue ou sens de l’issue

Entre le suicide radical (peu importe le moyen) ou le suicide à petit feu (drogue, alcoolisme) la différence  se trouve dans la répétition de gestes morbides, mais le point commun, semble être la perte de sens, l'impossibilité de résoudre un conflit entre une force provenant de la société en quêtes de règles et l'individu en quête de son identité,  pression externe face à une force interne, souffrance extrême dont la seule issue, pour s’en extraire, resterait la solution de la mort, le sentiment intime de ne pas être respecté (le cœur est souffrant), qui se décline par le sentiment d'esclavage, d'humiliation, d’enfermement, avec l’impossibilité de communiquer ce mal être. Toute la personnalité est emportée et submergée.

 Regardons un instant le passage à l'acte dont la caractéristique est une extériorisation d’énergie violente, fulgurante, inattendue, fugace, avec un effet réel ou imaginaire, de libération, telle une explosion. L'impression d’une libération n'est pas forcément durable dans le temps.

 Le passage à l'acte présuppose une pression sur un organe ou une aspiration de son énergie, et la faillite des quatre autres organes. La fluidité vers l’une des trois portes de sortie, la parole, la sexualité, la créativité en est empêchée ; la bouche est bâillonnée, la sexualité castrée, la créativité annihilée. Ces trois influences correspondent aux trois foyers, foyer supérieur, la conscience ; foyer moyen, les émotions, "l’art du faire juste" ; foyer inférieur, la sexualité. Derrière tout passage à l’acte violent se cache un manque de fluidité vitale, une absence de la parole, d’expression des besoins. Et très souvent, l'organe foie détient la primeur de cette expansion.

 La surchauffe du foie sera prégnante dans les situations d’alcoolisation aiguë et les débordements de vitesse, certains parleront de se « défouler, » d'une décharge d’adrénaline, pour ne pas « pêter les plombs. » Dans la fugue d’un adolescent qui veut s’acquérir un autre territoire, on fait référence également au foie qui cherche son cœur.

 Ce sont les reins qui sont concernés quand l’existence est menacée. Quand ils sont mis en danger, c’est le « courage, fuyons » qui prévaut. Quand une femme battue prend ses enfants pour s'enfuir sans savoir où aller, c'est son élan d’un pas sage, salutaire, de survie, qui la fait passer à l'acte ; une séparation brutale considérée comme l‘issue de secours.

En certaines circonstances deux  ou trois organes seront vidés par l’agression externe, c’est le cas des reins et des poumons dans la situation du harcèlement. Les reins sont aussi usés par l’endurance de l’usure machiavélique de cette relation, les poumons n’arrivent plus à réagir dans leur sauvegarde de fuite instinctive et le foie ne tient plus sa place de combattant et de fin stratège. Les poumons réagiront à l’oppression, au sentiment d’étouffement familial, de claustrophobie. Le vide aspirant au vide du néant, on peut considérer que ces derniers sont mis à mal dans de nombreux passages à l’acte suicidaires. Le manque de Chi aspire à la mort. La détresse invitant le cercle vicieux d’une détresse encore plus grande.

 La rate ne manquera pas de se faire connaître par une peur spécifique face au manque d’argent,  du petit larcin au « casse »  du siècle,  l’avidité fascinera cette convoitise. La haine provoque la haine (manifestant jetant une bouteille et allant se faire fusiller) et le cœur, y répond tout en sachant qu'il se blesse. Le passage à l’acte violent, incohérent, fou, sans objet, fruit d’une incompréhension langagière, commande la bestialité, comme si la force des reins avaient refusé tout le contrôle de la fratrie des organes, cœur, foie, poumons, rates.

 Ce que l'on peut retenir, c'est que le passage à l'acte est en rapport avec une dépense importante d'énergie d’un ou de plusieurs organes ; résultante d'une longue retenue d'énergie faisant office d'une pression accumulée, ou d’une inspiration, devenue insupportable. Les expressions occidentales  : « il me pompe de l’air » - « il me gonfle » - « je n’en peux plus » - « faites quelque chose s’il vous plait » - « il va me rendre fou » - « c’est épuisant » - « il veut me tuer » , laissent transparaître la tension interne, sans doute inutile et la volonté « d’en sortir ». L’intérieur se défend de l’extérieur insupportable. On peut émettre l’hypothèse que derrière chaque type de suicide à sa correspondance avec la manifestation d’un vide d’un organe particulier.

 Face à ces éléments extérieurs qui perturbent la fluidité de l’énergie, (les portes de sorties sont bloquées) on doit faire le constat de l’impuissance de l’intérieur de l’être qui n’a pu se dire. et son absence de contact avec L'Energie fondaùentale. Une barrière du dialogue s'est instaurée. (manifestant avec une barrière) Et plus la parole a été retenue, entravée, déformée plus la manifestation en sera violente et le passage à l'acte démesuré, il en est de même pour  l'énergie sexuelle, ou l'action créatrice. Quand ces trois énergies de l'expression de la personne, parole, sexualité, créativité, sont bafouées,  étouffées, violées, par un contexte social, familial relationnel ou ascétique, le corps se révolte. La réponse à la violence, aux passages à l’acte fou, se trouve donc dans l’écoute, l’écoute et encore l’écoute, le respect de la fluidité de l’énergie. Quand l’autorisation de parler est là dans un contexte et cadre sécurisant, la parole confiante et son essence, retrouve sa fluidité. Cela induit la présence  d' au moins deux interlocuteurs qui soient d’accord sur un minimum de règles du dialogue, ne serait-ce que d’apprendre à repérer ce qui est insupportable avant d’arriver à des chutes extrêmes. Mais on le voit bien, la réorganisation des organes et le renouvellement du Chi, de l’énergie, s’avèrent également indispensables comme  résolution. De plus, l'observation des réponses inadéquates de trop de violence ou d'abdication, face au rouleau compresseur des intrusions en tout genre, s'avère nécessaire pour pouvoir affronter, fuir, adapter, transformer son énergie pour d'autres possibles.

 Passage à l'acte fou au passage à l'acte mesuré

La souffrance provient d'un passage à l'acte non préparé, pour celui qui agit, comme pour celui qui le reçoit. La souffrance est à la mesure de la déflagration d'énergie. Les passions désorganisent la réflexion. Cet événement provoque une déstabilisation des énergies et induit une remise en cause sur tous les registres.

 Cependant le passage à l'acte laisse entrevoir un aspect positif, tel l'orage a pour fonction de clarifier le ciel de son trop plein d'énergies contradictoires, tel le passage à l'acte, aurait aussi cette fonction de clarifier la pensée. Une action trop énergique est quelques fois plus souhaitable à l'absence d’énergie. Se mettre en mouvement est une aventure en soi. Enclencher  une action ou  y mettre un terme est un agir quotidien. C'est en passant à l'acte que l'on trouve ce dont on a besoin, c'est à dire, la  confiance en soi. C'est en passant à l'acte que la « forme » prend naissance, et que celle-ci peut devenir perfectible ; faire l'économie du passage à l'acte est dans ce cas de figure une autodestruction.

 La nécessité du passage à l’acte se fait sentir quand il s’agit de remettre de l’ordre dans un chaos  qui a perduré ou un fonctionnement  usé qui  ne correspond plus à l’objectif signifié (soit dans l'interne personnel, soit dans l'externe collectif, soit dans l'interaction de ces deux paramètres).

 Tout serait donc une question de mesure. Quand on commence à mesurer les conséquences de son acte, on réfléchit à deux fois. Quand un groupe de soldats spécialisés obéissant à une unité de corps ou qu'un groupe de militants obéissant à une unité de valeur, passe à l'attaque l'on suppose que la réflexion a présidé en amont. A l'instar de ces groupes l'individu, obéissant à une unité d'être, peut aussi adopter une véritable stratégie personnelle, pour sa propre défense ou construction.

 Le passage à l'acte a un lien inéluctable avec le facteur de décision personnelle. Le passage à l'acte induit autonomie, responsabilité, liberté. L'autonomie individuelle nous invite au contraire à passer à l'acte pour se nommer, se distinguer,  marquer notre originalité individuelle personnelle  « notre yin et yang, un parmi les milles ». L’objectif étant l’extériorisation d’une ferme intention de la force interne pour l’accomplissement cohérent de son expression et la nécessité de la transformation de l’environnement ; ce qui suppose préparation, regroupement d’informations, réflexions, méditations, prises de décisions, et déterminations. Autrement dit le passage à l'acte positif contient en lui-même, la capacité à percevoir son taux énergétique de ses cinq organes, de ses méridiens, de ses trois foyers, de l'appréhension de l'évènement extérieur et de l'adéquation de la réponse énergétique. Une décision longuement réfléchie aboutit forcément à un moment ou à un autre à une ré-solution, quand c'est le moment, quand les choses sont mûres, avec le juste dosage. Pas assez d'énergie et le résultat est un coup d'épée dans l'eau, pas au bon moment, le résultat donne l'impression d'un avortement ou d’un faux départ, trop tard, l'énergie a déjà subit des préjudices pour sa santé ; une formation d'une longue durée qui comble un manque de confiance en soi perverti l'action et engendre la peur (cueillir les fruits à la bonne saison, si non ils pourrissent). Trop fort le passage à l'acte provoque de la casse, inertie et  le manque du passage à l’acte va induire du regret.

 Ce qui manque dans le passage à l'acte violent c'est précisément la confiance dans son énergie, dans le temps, dans l'aboutissement d'un résultat positif. C'est alors le contrôle de cette énergie et l'apprentissage de celui-ci qui est donc valorisé.

 Sans l'apprentissage du contrôle de soi, la loi peut n'avoir aucun effet. Investir sur l'apprentissage du contrôle de soi, de la mesure du passage à l'acte aurait des chances d'une grande prévention, à tous les niveaux, apparemment ce n'est pas le choix social qui est fait. Cet apprentissage du dosage de l’énergie pour différents types de mise en forme de son énergie, passe par la définition des limites personnelles et collectives et par l’apprentissage du dialogue et de la créativité.

 

Passage à l'acte Zen

 

Le passage à l'acte doit être en adéquation avec le jing, ( la nécessité) le chi (la force suffisante) et le shen (la conscience de devoir agir pour la bonne cause). Le passage à l'acte est lié, défini par le registre des volontés et de l'objectif à atteindre.

 

Le passage à l'acte mobilise les cinq organes les reins sur lesquels repose la qualité du mouvement dans sa fluidité ; le foie (ministre de la défense) dans le fait de voir et de désirer le but avec son complice (vésicule biliaire général des armées) qui va exécuter la décision ; la rate dans le fait de la raison, de la définition du but, du moment, de la stratégie à adopter ; les poumons dans la capacité à engranger de l'énergie ; le coeur pour garantir la correspondance entre son identité et  l'environnement extérieur, tout en assumant le calme dans l'action. Une faille dans ce bel ensemble et c'est la pathologie de l'action. Chaque passage à l'acte sollicite plus ou moins tel ou tel organe.

 Le passage à l’acte courageux (Nelson Mandela) qui dérange, la révolte contre les abus de pouvoirs est un signe de bonne santé, fera appel à toutes ces notions mais aussi à la prévention de savoir comment accumuler de l'énergie, la renforcer, la distiller, la transmettre.

 Le passage à l’acte qui sait attendre, endurer, stabiliser, augmenter, embellir, émouvoir aura plus de force dans sa mesure, sa densité, sa  lenteur apparente. Le passage à l’acte qui se contente seulement de défouler un trop plein d’énergie est une ineptie et un gaspillage. Et pourtant nombreux sont les lieux qui favorisent cette règle de ce drôle de jeu. Plus le passage à l’acte est subtile en utilisant la moindre force, plus l’effet est puissant et efficient, tel une allumette qui peut créer un incendie.

Son objet s’impose et sans effort de volontarisme, son effet est aussi pertinent dans la réalité qu’un tableau qui s’expose. La méditation serait-elle la subtilité suprême de l'action ?

 Toute l'étude du Yi King, le grand Livre de la transformation nous invite à regarder de près le rapport nécessaire entre l’énergie et le passage à l'acte. Il n’est que cela, Fin stratège du passage à l‘acte. La  mesure de l'énergie pour passer à l'acte au bon moment avec l'énergie juste pour accomplir son œuvre précieuse, dans l'accompagnement de son destin, tout en sachant qu'agir ou ne pas agir a forcément des conséquences dont on ne mesure pas tous les paramètres. Faire pour le mieux sans attendre de résultat. Puisse cette réflexion inviter le lecteur à s'y plonger avec douceur.

jeudi 6 août 2020

Au Centre des Humeurs

Au centre des Humeurs

 

 S'il est un domaine transversal qui s’avère être l'une des causes de déstabilisation psychologique ou de violences verbales dans toutes les instances, touchant toutes les couches de la société d'une manière quotidienne, ce pourrait bien être  « les sautes d'humeurs » et  leurs expressions. Comment faire avec pour mieux les gérer?

 Petits nuages ou grosses tempêtes

Les humeurs sont pour l'âme ce que les nuages sont pour le climat : variables, contrastés, imprévisibles, ombrageux, orageux, inégaux dans leur densité, leur contenu, leur fréquence, leur électricité, suspendus entre ciel et terre.

 Les humeurs caricaturent les émotions dans leurs excès et sont pour la plupart perçues dans un sens péjoratif et négatif, véhiculant avec elles dans le langage courant, un sentiment de mal être. On ne se plaindra pas d'avoir des émotions mais on se lamentera de n'avoir aucun contrôle possible sur ces sautes d'humeurs agissant sur le plan personnel ou relationnel, physique ou émotionnel. L'aspect irascible, excessif, démesuré, exécrable, « caractériel », contrasté, de ces manifestations, engendre une relation à forme tyrannique, pour la personne qui le vit et son entourage. L'expression de volontés contraires indique qu'il pourrait s'agir de dysfonctionnements des « vouloirs ». La variation des désirs soumet l'intéressé à des fluctuations d'intérêts qui n'aboutissent pas dans leur conclusion. Les incidences frustrantes ne font alors que rajouter au désarroi.

 La philosophie taoïste, dans ses observations ancestrales, a pu donner tout son sens à ces fluctuations par la lecture de la transformation des énergies dans le corps. Elle le traduit par cette simple synthèse « le cœur n'est pas tranquille, il a perdu son domaine » et en donne même des outils pour mieux les appréhender tel que le massage, Chi Gong, Tai Chi, concentrations, méditations. L'efficience de ces outils a fait ses preuves pour apporter le calme mental, par la régulation des énergies.

 Du dénouement de la perte

La manifestation de ces variations d'humeurs, avant de devenir pathologique, s’il en est le cas, a une référence presque normative, puisque le psychologique est d'abord lié au physique, et que l'énergie corporelle a ses propres règles. Chaque émotion est dépendante des

cinq organes et de leurs viscères. Le simple fait de transmuter d'un organe à un autre, provoque un changement humoral, ce qui se produit toutes les deux heures. Il est donc normal qu'un certaine fluctuabilité des humeurs puissent se vivre selon ces fuseaux horaires. Elles ne peuvent pas être linéaires. Le problème se pose  d'avantage quand une rupture brutale intervient dans ce rythme. Le corps et le mental sont continuellement en train de s'adapter, entre l'intérieur et l'extérieur, entre un état émotionnel donné, à un moment donné et son juste milieu. Il n’aime pas le brusque événement  choquant. La variation cyclothymique devient pénible quand l'horloge biologique est défaillante, en voici quelques exemples :

  Ceci est particulièrement flagrant au moment de la ménopause. La fin naturelle des ovules enclenchent un déséquilibre des ovaires et des reins, ce qui a pour effet une activité désordonnée provocant une énergie non-utilisée. La fonction régulatrice des reins et des eaux dans l’organisme ne remplit plus son office, l’eau ne retient plus le feu,  « ils ne comprennent plus. » La chaleur inemployée monte ainsi par à-coup. C’est l’affolement par l’action irrégulière sur le foie et vésicule biliaire qui réagit d’une manière inconsidérée « lui non plus ne comprend plus. » Les humeur du cycle féminin est bien la démonstration, s’il en était besoin, des incidences des organes et de la fluctuation énergétique sur le psychologique. La médecine chinoise a son savoir faire en la matière, tant pour les humeurs que pour la ménopause, dans l’apprentissage de la retenue des énergies ou de leurs transformations, dans le rééquilibrage de ces «mauvaises poussées de fièvres » qui interagissent sur le comportement. 

 La connaissance intuitive de l’équilibre des énergies, le tempo horaire et thermique, le dosage subtil de toutes les hormones reconnus par l’hypothalamus, passent nécessairement par la grande horloge biologique qu’est la glande thyroïde. Le langage des humeurs respecte le contrôle des glandes et de leurs hormones. L’ablation de la thyroïde a des incidences sur le sommeil, la perception de la fatigue, l’attention, la sexualité, mais elle a aussi des conséquences redoutables sur les humeurs : « on ne se sent pas bien ». Comme pour la ménopause tous les efforts de régulation d’une thyroïde enlevée, demande beaucoup de temps et compensent maladroitement la préciosité des  cellules hormonales.

 Aussi étrange que cela puisse paraître, on se retrouve dans la même situation du manque et d’affolement des humeurs versatiles, excessives, démesurées,  lors de la période de désaccoutumance des addictions avec la même vulnérabilité. Même s’il s’agit du manque d’ « agents  extérieurs, » qui seraient venus cependant combler un vide, la danse du « yo-yo »  des humeurs est la même que pour les événements internes ? Et en général cela ne passe pas inaperçu et l’entourage le sait. Le général des armées « vésicule biliaire » est perdu, il ne reconnaît plus ses soldats, son propre territoire est miné, cerveau, globules blancs, glandes, et autres télécommandes sont perturbées, « il ne se reconnaît plus ».

 Gens qui rient, gens qui pleurent

Le paroxysme de la variabilité des humeurs se focalisent particulièrement chez le sujet maniaco-dépressif. Mais c’est aussi le paroxysme du manque puisqu’il s’agit  de la perte du sens de la vie. IL perd la raison mais il a plein de raisons de se retirer. En s’enfermant dans l’obsession, par un vide de rate extrême il s’englue dans les manies qui nourrissent à leur tour ce cercle vicieux. Les poumons,  de ce fait, épuisés n’adhèrent plus  au programme de la gestion des liquides et du Chi, qu’ils se sont donnés, et se retirent dans la dépression,  la tristesse et  le désarroi. Le cœur est profondément blessé. Confronté à l’angoisse de vivre, physiquement il signe son malaise,  en bloquant la circulation de l’énergie entre l’estomac, le cœur et les poumons. Il perd ses repères.

Au fond le ou la « maniaco-dépressif » est un être coincé entre le haut et le bas, au diaphragme tendu. Son énergie passe du vide de la rate au vide des poumons. Plus rien ne va ni  dans le bassin, ni dans la tête. Il ne peut être satisfait de l'ordre terrestre que lui offre l'ordre régnant qui casse la matière plus qu'il ne la respecte, il fait croire alors à son adhésion à « l'ordre » en adoptant les manies très sophistiquées ; et ne peut accéder au spirituel puisse qu'il ne peut accéder à l'illusion d’un idéal père parfait qu'il s'est fixé ou qu'on le lui aurait transmis; d'où sa tristesse et son profond désarroi. Tiraillé entre l'imparfait spirituel  et le faux ordre terrestre, il ne donne plus de place au foie aux esprits « hun »,  qui pourraient trancher sur ces falsifications d'existence pour ressourcer son cœur. Entre la folie d'une mère et l'absence d'un père, il se donne l'illusion de se bercer entre « ne pas être soi » et l'obéissance, la soumission à la « conformité », pour en retirer un bénéfice trompeur de reconnaissance ou de pseudo existence. Conscient cependant de son mal être, mais sans savoir comment nourrir son action ou sa réflexion, ce va et vient devient épuisant physiquement, intellectuellement, affectivement et spirituellement. La mélancolie, le regret, la nostalgie complices de l'inertie auront beau jeu de s'installer. Caractère irritable, hyperactivité suivi de grande fatigue, manque de concentration passant de l’euphorie à l’abattement de l’ exubérance au profond désarroi, du rire aux larmes, seront ses faux amis le jour et  les cauchemars ceux de la nuit.

Il se fait  et de la bile et des glaires. Ce qui a pour résultante d'obstruer le cœur et se trouve donc dans une impasse, en se soumettant au « faux » il se désolidarise de son propre cœur en qui il ne peut même plus trouver la force de révolte pour laisser crier sa colère de ne pas être soi. En occident la médecine semble impuissante d'en trouver la cause et pour autant commet des électrochocs,  encore en ce 21ème siècle pour venir à bout du désordre mental provoqué par ce grand désarroi d'être incompris, ballotté entre la recherche d'un modèle et être soi. Le lithium vient ensuite lissé ce traitement de « choc ».

La médecine chinoise ne néglige pas le rôle des mucosités obstruant les artères dans cette pathologie ; elle aurait raison de cette déraison par les points E 36, E 40 en acupuncture, de cette mucosité visqueuse d'adhésion au dés-ordres. Ces deux points ne suffisent pas à eux seuls à rétablir l’énergie de tous les organes,  mais ils sont  cependant des bonnes clés pour ouvrir un chemin vers plus de sérénité.

 Alternance ou sas nécessaire d'une humeur à l'autre

Le passage d’une humeur à une autre s’avère inéluctable mais la réalité de ce phénomène nous invite à clarifier le ciel nuageux de notre mental face aux événements. Les sautes d’humeurs dont les causes sont physiques peuvent être, sans doute régulés, par une intervention externe, pour le reste, on ne peut échapper à une vigilance sur soi-même. Les humeurs dans un couple, ou dans une famille où tout le monde est obligé de supporter les désagréments, les humeurs du père alcoolique, les caprices d'une adolescente,  les gémissements de la mère épuisée ou les imprévus d'un adolescent drogué. Ce n’est pas une preuve d'amour que de s'y associer, la compassion n'est pas la fusion dans une humeur destructrice, d'irritation ou d'impatience.

Plusieurs pratiques peuvent donc nous y aider :

La clarification des significations de termes très proches, tel le brouillard rendant la lecture des formes un peu nébuleuses, mais qui amènent à la confusion du sens peut contribuer à l’apaisement : confusion entre ténacité et rigidité, entre endurance et entêtement, ente action et activisme, entre être discret et être inexistant (fausse humilité), entre l'effet tonitruant et prendre modestement sa place, entre autonomie et n'en faire qu'à sa tête, entre ralentir une activité et stopper une activité, entre ce qui est subjectif et ce qui est objectif, entre autorité et autoritarisme. Cela peut éviter les emportements parce que l’on aurait pris l'excès à la place de la réalité.

  Se recentrer n’est pas un vain mot en philosophie taoïste, cela s’effectue consciemment en ramenant plusieurs respirations abdominales tranquilles au Tan- tien, lieu énergétique sous le nombril, et s’ancrer, par le massage des pieds pour ne pas perdre la tête et garder les pieds sur terre.

 S’octroyer des sas de décompression entre deux univers différents, travail et foyer par exemple, respecte assez bien le rythme d’adaptation fluide nécessaire et s’avère utile pour unifier ce qui, sans cela, pourrait devenir rupture.

 Admettre de tourner la page d'un événement, ou d'un état à un autre adolescent- adulte, divorce-solitude, les soucis ressassés ne conduisent qu'à punir la rate. Les regrets blessent les reins et ralentissent la marche en avant, quand le corps continue sa progression.

 On ne peut faire l’économie d’un apprentissage du contrôle de soi, car lâcher à elles-mêmes les humeurs vont vite devenir une jungle, l’authenticité ne veut pas dire déverser sa poubelle émotionnelle.

 Fixer la diversité de ses vouloirs sur un seul acte déterminant amènera le mouvement et la concentration nécessaires à la mise en forme d'une pensée plus structurée.

 Les sautes d'humeurs peuvent être un baromètre, un indicateur d'un dérèglement de l'harmonie initiale, elles sont aussi un repère de lutte interne comme une tentative de vouloir ramener, souvent avec maladresse, son soi vers son axe pour ne plus être « désaxé », plus « raisonnable ». 

La bonne santé se réjouit de  la bonne humeur !!!

 

 

 

 

 


mercredi 6 novembre 2019

L'alchimie taoïste de l'incarnation spirituelle : mouvement et pensée.

L'alchimie taoïste
de l'incarnation spirituelle :
mouvement et pensée.

           Mouvement du corps, mouvement individuel ou collectif, mouvement du tai chi, mouvements et gestes d'un code social, d'une danse, d'un sport, d'un travail… action du cerveau sur un mouvement ou action du mouvement sur le cerveau ; l'un ou l'autre peut être étudié séparément. Il est rarement fait état du lien interactif et correctif entre pensée et mouvement. Les mouvements de Qi-gong ont pourtant le mérite d'associer par déductions d'observations, le nom d'un animal, qui symbolise au mieux l'attitude correspondante avec l'état mental et psychologique du participant. La naissance d'une idée issue du mouvement ou la création du mouvement issue d'une pensée est un thème intrinsèque à la philosophie taoïste, d'où la référence au mouvement codifié et répertorié comme pouvant devenir un geste guérisseur. La pensée induit le mouvement, le mouvement induit la pensée. L’incidence mutuelle de l’un sur l’autre compose la transformation de l'être. La pensée et mouvement s’interfèrent sans cesse. La structuration de la pensée prend forme et corps par le mouvement. Intéressons nous à cette interaction et à son processus transformationnel.

Du mouvement archaïque à l'émotion subtile

     Certains mouvements possèdent leur régularité naturelle : des battements du coeur, le soufflet des poumons, le clignement des paupières, les spasmes intestinaux, la cadence de la marche, le balancement des bras, le roulement multidirectionnel des yeux et de la tête. Ils assument la fonction instinctive de régulation, de protection des différents organes mais aussi d'intégration dans le social par la communication non-verbale.

     Le visage et les mains, parties les plus dénudées et visibles du corps, visualisent en eux-mêmes les mouvements instinctifs ou volontaires, émetteurs des intentions ou inducteurs de la pensée, lieu de transmutation des émotions. L'acte volontaire intervient quand l'humain utilise cette potentialité pour confirmer l'expression de son être. Les mimiques et les grimaces traduisent la pensée, mais elles la modifient également. Provoquer, par exemple, volontairement le sourire, même si cela paraît artificiel, introduit une pensée positive dans le comportement, tout comme le geste et le mouvement ont la capacité de transformer les émotions. L'émergence de la pensée en adéquation avec le geste amène le sourire involontaire, critère d'excellence en la matière, pour les professeurs de Tai Chi. La lecture des grimaces- colère, fatigue ou abattement, enthousiasme, euphorie, soucis, ou au contraire apaisement se vérifie assez facilement, ces codes individuels et sociaux se voient. La mobilisation volontaire du faciès et la mise en scène des grimaces pour obtenir une transfiguration émotionnelle est non seulement possible mais souhaitable.

      Le Qi Gong ou le yoga des yeux, que certains semblent découvrir seulement maintenant (emdr), montrent bien ce rapport étroit entre le mouvement et la pensée. Non seulement il donne forme à la pensée mais il peut ramener à la conscience des traumatismes anciens pour les appréhender avec moins de frayeur. Les mudras (gestiques des doigts) peuvent être répertoriés également dans cette catégorie de gestes guérisseurs. Le geste et le mouvement est au corps ce que la mimique est au visage. C'est donc tout le corps qui participe à l'élaboration de la pensée et au vécu émotionnel.
« Bouges- toi » : la sagesse du mouvement ente l'inertie et le débordement.
L'inertie, absence de mouvement, colle à la peau de la déprime, tout comme l'agitation, les mouvements excessifs du révolté ou désordonnés de l'alcoolique flirte ave la folie. L'appareil de la mesure, du geste posé et du mouvement harmonieux et donc de la pensée juste, perdent leur nature dans ces cas de figure.

     L'intuition de la maman exacerbée et désespérée de voir son grand adolescent déprimant dans son lit à ne rien faire, est pertinente dans son « allez, bouges-toi, remues-toi, secoues-toi, fais quelque chose » ! et intuitivement l'ado en question, sait que s'il s'exécutait, ses arguments, qui le maintiennent en opposition, ne tiendraient plus.

      Le mouvement a raison d'une pensée rebelle ou tenace. La méthode Coué ne suffit pas. Les thérapies qui évitent de passer par le corps, c'est à dire par le mouvement, par l'énergie, ne privilégiant que l'approche verbale, peuvent s'avérer beaucoup plus longues. Elles favorisent la remontée d'énergie dans la tête au détriment de la mise en forme du shen. Elles font ainsi l'économie d'une expression créative (énergie du bassin) et d'un mouvement porteur (énergie des membres), cette implication risque de rester seulement « mentale », non-incarnée.

Ecouter une plainte est certes salutaire, elle le sera encore plus si le thérapeute propose des gestes ou mouvements et respirations adéquates qui intègre le mal-être, lui donne un peu de force pour être extériorisé, identifié. Il est donc plus facile d'y remédier. La transformation de la souffrance passe par l'alchimie de l'énergie enregistrée par les organes. L'essence même de la souffrance physique ou psychologique en sera modifiée.

Le mouvement : unification et cohérence des trois trésors

     Comment cela est-il possible? La grande solidarité des organes, des méridiens, des viscères et des trois trésors que sont le Shen, représentant la conscience, la pensée, l'intention, le cerveau ; le Qi-souffle représentant les émotions, les affects, la circulation de l'énergie, la poitrine ; le Jing représentant l'essence vitale, le faire, le mouvement, le bassin, leur très grande interdépendance et connivence donc, se consolide mutuellement. Ils se nourrissent les uns et les autres. La pensée a besoin de chaque partie du corps, imbibée d'énergie, de l'intention et du mouvement. Tout cela ne fait qu'un.

     Le mouvement a la particularité de transmettre une certaine chaleur qui dilate les vaisseaux. La fluidité de l'énergie, a de ce fait, une incidence sur la circulation du sang et des neurones. Le mouvement réveille le corps, et en particulier la conscience de l'être, mise en veilleuse dans le tan-tien, lieu énergétique sous le nombril. Selon qu'il va solliciter la partie inférieure, moyenne ou supérieure du corps, l'incidence du mouvement ne sera pas la même sur la conscience. Si la pensée n'est pas en accord avec le mouvement, le décalage se fera sentir entre le dire (expression de la parole ou du regard) et le faire (bassin ou membres). Être en accord avec le mouvement amène à une pensée cohérente et une guérison.

     Le mouvement est essentiellement acquis par la mobilisation des bras, des jambes, du bassin et du souffle. Or curieusement, dans la philosophie taoïste, la pensée est germinée, engrangée par la rate et estomac, tout comme en dépendent... les membres inférieurs et supérieurs, initiateurs du mouvement. La logique qui en découle : le lien évident entre mouvement et pensée, ils sont associés, complices révélateurs et inter-mutants du spectacle de l'être en quête de son absolu. Le grand moment ou tout semble s'accorder pour combler le sentiment d'existence est bien sûr, la véritable chorégraphie de l'orgasme.

     Le jeu du mouvement spontanné, où l'énergie seule, guide le mouvement donne des images et des pensées inattendues, surprenantes, provenant de l'Un-conscient. L'énergie emmagasinée par différentes postures et gestuelles respiratoires, commande le mouvement, lequel à son tour transforme la pensée Le mouvement permet ainsi une évolution personnelle. La gestuelle des mains va contrôler la pensée. La douceur des mouvements de Qi gong ou Tai Chi amèneront la fluidité de la pensée juste, adaptation, constance, pertinence des réponses adéquates : la certitude d'être bien avec soi-même.

Conditions

     Pour être cohérent jusqu'au bout, ce mouvement réparateur doit répondre à certaines conditions. On l'a vu, il doit être imprégné 
          -de Qi, c'est à dire d'une intention, et du souffle, faute de quoi il apparaîtra comme simplement mécanique, vide et creux et dans ce cas il aura un effet pervers sur la pensée qui sera elle aussi, vide et creuse.
         -Le mouvement s'inscrit dans le temps. Il doit être répété comme un mantra, mais cette répétition doit être limitée, pour que l'énergie fasse aboutir toute son efficacité. Par contre si ce mouvement est répété à longueur de journée, il devient aliénant. Il semblerait que dix minutes soient un tempo signifiant pour l’émergence d'une pensée.
         -Le troisième facteur de réussite est l'impératif du repos, tout comme la digestion suit un repas et la nuit suit le jour. Et c'est encore mieux si cette intention, imprégnée de Qi, du mouvement inspirateur-repos est suivi d'une intégration verbale, écrite ou picturale. C'est ce que veut dire une phrase biblique « et le verbe s'est fait chaire ». L'essence de l'être, la parole prend forme, Le shen s'extériorise. La transformation et la régulation des émotions, la véritable spiritualité, passent par le corps pour être comprises, intégrées. La pensée chorégraphiée où mouvement et pensée s'enchevêtrent, prend de la consistance et s'unifie dans son évolution avec le souffle, le Qi. Le mouvement du sourire intérieur crée l'alchimie de l'incarnation spirituelle.

du mouvement à la manipulation sociale

     Contrairement à certains préjugés, il n'est pas nécessaire de passer par la souffrance pour que ce mouvement traduise une pensée claire. Les gestes et mouvements du travail répétitif en excès annihilent la pensée. Les cadences et la compétition ne sont pas des mouvements porteurs d'un développement de la pensée, d'une connaissance de soi, de maîtrise et de maturité, mais au contraire d'un affaiblissement de la conscience. Le mouvement stéréotypé et abusé, induit une pensée esclave, une pensée unique. Le mouvement agité combine la pensée agitée, il brasse du vent. Le méridien vésicule biliaire s'y perd et donc ses capacités de décisions. Mais à l'inverse la pensée agitée ou angoissée provoque le mouvement tout aussi signifiant, tel le mouvement de bascule ou d'agitation des mains chez les psychotiques qui sont une manière de calmer leurs angoisses existentielles.

     L'intensité du mouvement inducteur de la pensée prend évidemment une autre force quand une foule s'en empare. Du mouvement codifié au décryptage du sens, l'espace de la manipulation sociale peut être proche, raison de plus pour affiner le discernement de l'interaction « mouvement corporel-pensée ».
     Le poing fermé va engendrer la colère ; tous ceux qui ne pratiquent toute la journée que ces attitudes guerrières n'attendront qu'une chose : à la moindre occasion en découdre. L'étude sociologique des danses de rue, à la mode, peut permettre de comprendre ses acteurs.
Vague du Holla des supportères est tout aussi mobilisante que certains saluts militaires ou paramilitaires. Le « tendre la main » du mendiant ou n'a pas la même signification psychique que le « lever du poing » du militant.

Mouvement : parole du corps

     Ainsi donc il serait sans doute possible d'établir un dictionnaire du mouvement, celui qui guérit ou celui qui aguerrit, celui qui apaise ou celui qui engendre la transformation, celui qui fait sourire ou qui provoque l'agressivité.

     Outre le fait de l'ouverture des méridiens qui transmet le flux énergétique aux organes la posture des exercices de Qi Gong est hautement symbolique. Et ces symboles rejoignent un langage quasi universel. Si nous proposons des situations mentales en demandant de mimer par le corps et le mouvement, l'expression, il y a de grandes chances que tout le monde comprenne ce langage évocateur, voici quelques exemples non exhaustifs:

« Se sortir de sa médiocrité, se grandir » trouvera facilement sa réponse dans la posture s'imaginant s'aider des mains pour prendre fortement appuis, poignets pliés, en redressant la tête.
« retrouver sa dignité, oser s'affirmer » fera bomber le torse en ouvrant les bras.
« accueillir l'avenir » délèguera la responsabilité aux mains détendues placées devant soi, en les faisant revenir vers la poitrine.
« rejeter ou repousser l'ennemi » impliquera la propulsion vives des bras en avant.
« se donner de l'espace » tendra les bras de chaque côté du corps à l'horizontal comme s'ils poussaient les murs.
« évacuer le stress » pourra se symboliser par des jets des mains, forts et puissants, devant soi vers le sol, répétées de manière ardente pour être persuasives. Les mâchoires et les yeux vont suivre spontanément, en se serrant comme pour mieux se concentrer sur cette évacuation.
« Renforcer son identité » sollicitera les deux poings fermés l'un sur l'autre, comme pour enfoncer une épée d'énergie.

     Ainsi toutes les suggestions suivantes peuvent trouver leur résonance dans un mouvement, que chacun peut s'approprier : « ouvrir son cœur » ; « quitter le passé » ; « accueillir le ciel » ; « s'investir dans un geste de délicatesse » ; « trouver son inspiration » ; « concentrer et densifier son énergie » ; « stabiliser, s'ancrer ». il en est de même si l'on demande de mimer la colère, la peur, l'effrois, l'étonnement, l'enthousiasme

     La mort du grand mime Marceau devrait nous rappeler, par son silence, la constance du lien entre l'intention, le souffle et le mouvement, entre le corps et la pensée, entre les émotions et la fluidité de la vie, rejoignant ainsi la transmission de la philosophie taoïste. Honneur à lui !