mercredi 21 novembre 2018

Le temps du stress et de la fatigue vu par un taoïste


Le temps du stress et de la fatigue
vu par un taoïste




Les variations climatiques contrastées dans leurs localisations et dans leur ampleurs sollicitent grandement les corps. Plus que le simple stress devant un danger imminent sur lequel on pourrait avoir un effet par une bonne gestion, le sentiment d’une impuissance devant un danger qui devient durable crée une peur sournoise et induit un défaitisme. Le mal serait déjà fait, puisque même les politiques n’y pourraient rien ! Et la politique du sauve qui peut, ramènerait à un égoïsme ou à une surenchère des assurances en tout genre. Ce stress de l’adaptation nécessaire du corps, à ces variations climatiques répétées et accélérées, par ces temps qui courent, est de fait révélateur d’une angoisse plus insidieuse : La précipitation des catastrophes dites “ naturelles ”, la mise en œuvre de violences destructrices en tout genre, volontaires ou non, ne cessent de faire peur. Le journaliste guidé par son audimat et son chronomètre se  plait à en faire l’écho.

La responsabilité de ces dysfonctionnements en incombe à l’homme et non aux dieux vengeurs. Guérir le mal à sa source, supposerait une compréhension du lien d’interférence entre la nature, le corps social et le corps humain.

L’Obsession de la vitesse, conduite par la peur du manque et la volonté du pouvoir à tout crin, crée la précipitation des énergies et provoque  fatigue, stress et  peur. Le temps (chronomètre) agirait sur le temps (météo). 

Deux mots “ obsession ” et “ vitesse ”  tous deux liés à des organes. La philosophie taoïste nous apprend que le propos, la pensée juste ont leur siège dans la rate-estomac, quand l’énergie est en manque ou en excès,  le soucis devient obsédant, la pensée devient trouble. Les stockages dans le grenier et épargnes en tout genre  focalisent la peur du manque et la peur du vol. Une panse trop pleine trouble sérieusement la pensée. Des greniers trop pleins encombrent l’intelligence collective.
La volonté d’acquisition du territoire et de l’avoir, avec force et rapidité, reliée au foie, normale pour une part, devient pathologique quand elle est sans limite, quand la surabondance ne peut même plus être redistribuée, saccagée à peine récoltée, dans une révolte de l'augmentation des prix.
 La mobilisation du mouvement tient son origine dans les reins, et donne la capacité de récupération,  quand ceux-ci n’ont pas le temps de souffler (avec une référence aux poumons), la fatigue est au rendez-vous, quand elle est répétée, elle épuise sa fonction et atteint même la force sexuelle. Les reins subissent une course après le temps, sans la capacité de récupération, et de ce fait affaiblissent la fonction du cœur.

La boulimie dévorante des actionnaires des grandes entreprises, avec la complicité de leurs “ contre-mètre-heure ”, compose la pression sur l’atmosphère météo, à en faire craquer l’ozone, qui, en  cascade, essouffle les reins. Les décisions prises après un copieux repas d’affaire, donc issue d’une pensée surchargée, ne sont pas forcément des preuves de lucidité. Les reins, courant après la course, fatigués de ne pouvoir récupérer agissent directement sur la réduction de la sexualité, énergie vitale - castration chimique pouvant aller jusqu’à des vagues de suicides, les reins s’assèchent comme les rivières. Les amygdales, miroir des reins, transmettent leur peur d’étouffement à la thyroïde, jusqu’à l’extinction des voix, y compris celle des électeurs. Celles-ci compressées, invitent l’hypothalamus et à participer à leur propre étranglement en déréglant les pendules intérieures. La chronobiologie des organes et de leurs méridiens, correspondant à des cycles de deux heures, s’en trouvent très perturbés, au même titre que les saisons. Comme le reconnaissent les vrais initiés de la nature, les arbres fruitiers ne savent plus reconnaître le printemps, les abeilles perdent le nord tout comme l’humain perd le sens de son existence.

Pression, compression, oppression, dépression du corps humain, du corps social, de la nature. Ne pas être à sa place, ou devoir répondre à une demande démesurée ou inadaptée pour l’exécution d’une tâche, soit en quantité soit en qualité, dans un laps de temps le plus restreint possible, d’une manière constante, avec le maximum d’efforts, menaces insécurisantes, forment l’agrégat du stress.

La fatigue, loin d’être une fainéantise, devrait être entendue comme un signal fort, signifiant que l’ordre des choses n’est pas respecté, et la personne humaine encore moins. Certains le savent, la fatigue peut être utilisée comme instrument de torture. Le respect de soi, et donc des autres, commence par l’écoute de sa fatigue, pour  y remédier. La violence du mépris de cette évidence humaine n’a rien de sain. Les perturbations du foie et de la rate-estomac sont bien connu en médecine chinoise, comme pouvant être la cause de désordres mentaux  très graves.

A l’heure actuelle, tout se passe comme si la seule intelligence sociétale consistait à ne fonctionner que sur un plan horizontal, sur l’axe Foie - Rate, en tenant pour obsolète la dimension verticale : l’existence du cœur avec l’essence même de la personne, des reins avec sa sexualité, des poumons avec sa force de transformation.
Et le fait de courir après le macrocosme ou le microcosme ne donne pas davantage de sens à cette verticalité.
Ce dialogue foie-- rate-estomac, dans le contexte actuel, aboutit, par ordinateur interposé, à une complicité aberrante et à une mégalomanie délirante. Les conséquences, pour le reste du corps n’en sont que plus perverses  et pernicieuses.
Comme si le foie et ses assesseurs (pouvoir, expansion économique, et armée), la rate-estomac et ses assesseurs (échanges des greniers et des héritages acquis, pouvoirs bancaires et dictats des chronomètres) trouvaient leur jouissance au détriment de l’essentiel.
Le danger des  gros contrats et marchandages exclusifs entre foie et rate-estomac excluent forcément les autres membres du corps, violent la nature sans tenir compte des saisons.
Dans le sens rate –foie, on aboutit à l’abondance des rêves et des illusions
Dans le sens foie-rate, on aboutit au désir de devenir le plus obèse du monde, associé au désir de toute puissance.
Ce système va trouver une fausse verticalité déplacée. La pression  du petit ou du grand chef va se répercuter sur le plexus solaire du subalterne, qui, en verrouillant son estomac, et s’interdisant sa parole et donc en annihilant la vie de son cœur et des ses reins, transposera lui-même cette pression sur sa famille. Colères, frustrations, abstinences sexuelles et autres maladies, seront le lot de sa soumission. L’énergie ne circule plus comme elle le devrait.

C’est toute la nécessaire et indispensable chaîne verticale des autres parties du corps CŒUR, POUMONS, REINS, CERVEAU, ainsi que leurs fonctions et leurs interactions qui est blessée, escamotée, mutilée.
Le contact du méridien conception ne semble plus exister. L’adéquation entre le dire (bouche) et le faire  (bassin) n’est plus concordant. Les relations dans leur ensemble n’assument plus la cohésion sociale. Sans contact avec le cœur l’hypocrisie remplace l’authenticité. Le cynisme remplace la concorde, l’aveuglement (excès d’énergie dans le foie rend aveugle) remplace le discernement. Le discours collectif ne reconnaît plus la créativité individuelle. L’esprit, le shen, l’âme du cœur, l’essentiel existentiel est ailleurs, c’est donc l’errance mentale.
De plus, en reniant l’existence de cette donnée fondamentale de verticalité, ces prétendus savoir-faire ordin-adorés relèguent ces liens vitaux dans des zones occultes. Les religions pseudo - illuminées par leurs guerres au nom du bien, et leurs branches associées s’occuperaient du haut pendant que les systèmes mafieux s’occuperaient du bas. Pour un peu la statistique des ulcères à l’estomac des uns correspondraient avec la dépression des autres.

 Les quatre actions suivantes pourraient alors devenir un plan de restructuration.

Lien du cœur et des reins
L’énergie verticale du cœur et des reins méritent une noble transformation par les poumons. Chaque organe est nécessaire. Le cœur a cependant une place privilégiée, les autres sont à son service en quelque sorte. La complétude est grande entre le feu du cœur et l’eau des reins. Dans un devenir en mouvement, chaque être, chaque pensée, chaque activité suivent un rythme propre : origine et gestation, éclosion et essor, mûrissement et récolte, réserve et enfouissement. Chaque être devrait faire vivre sa dimension verticale et horizontale dans un devenir et se faire respecter en respectant le lien de ses organes. 

Respect du rythme de chacun.
Le respect du rythme de chacun  peut-il être légiféré ? En ce sens, le débat sur le nombre d’heures de travail a été largement faussé, puisque il n’a pas été tenu compte de la fatigue, qui est très variable selon les individus. Le rythme cyclique, la chronobiologie, l’alternance activité-repos, la manière d’inscrire la  créativité individuelle dans l’ensemble collectif n’ont pas eu leur place. Le respect du rythme de travail selon les saisons relève du bon sens : on ne fait pas les mêmes travaux au printemps qu’en hiver. Le corps ne réagit pas de la même manière. Quand les cœurs, poumons et reins seront respectés comme dimension indispensable du corps, du corps social, les saisons et l’horizon seront plus sereins.

Respect de sa fatigue
 La fatigue devrait s’inscrire comme élément indispensable de régulation de l’activité, tout simplement pour mettre en forme, le sens. Les contremaîtres devraient facilement trouver une reconversion en bon gestionnaire de l’alternance activité-repos, gage d’efficacité ! On ne peut tirer sur un poireau pour le faire pousser plus vite. On ne peut indéfiniment tirer sur son corps sans le casser.
Une analyse de la cause extérieure du stress et une volonté de faire circuler son énergie intérieure  permettront une plus grande fluidité dans le corps et donc dans les relations. A chacun de trouver, parmi les techniques très variées, les moyens avec lesquels il se sent le plus en affinité.

La compétition, dans tous ses ordres et déclinaisons, pourrait bien être le poison insidieux et sournois du plus bel humanisme, fût-ce t’il démocratique. Le progrès ne peut être arrêté, mais chacun, à sa mesure peut faire le nécessaire pour ne pas de suivre un processus destructeur.

Décélération
La paix intérieure ne peut s’acquérir, ni dans l’agitation, ni dans la précipitation, ni dans l’accélération, elle se rencontre dans le ralentissement de la pensée et la prise en compte du rythme naturel, du souffle et du battement du cœur. Les temps de solitude choisie, et non, subie, la méditation, le retour sur soi dans une pratique quotidienne et ritualisée marqueront le contraste de la sérénité  intérieure et de la précipitation extérieure.
La paix entre les peuples rejoint cette condition. Elle ne peut se retrouver que dans un processus volontaire de décélération.