Le temps du stress et de la fatigue
vu par un taoïste
Les variations climatiques contrastées
dans leurs localisations et dans leur ampleurs sollicitent grandement les
corps. Plus que le simple stress devant un danger imminent sur lequel on
pourrait avoir un effet par une bonne gestion, le sentiment d’une impuissance
devant un danger qui devient durable crée une peur sournoise et induit un défaitisme.
Le mal serait déjà fait, puisque même les politiques n’y pourraient rien ! Et
la politique du sauve qui peut, ramènerait à un égoïsme ou à une surenchère des
assurances en tout genre. Ce stress de l’adaptation nécessaire du corps, à ces
variations climatiques répétées et accélérées, par ces temps qui courent, est
de fait révélateur d’une angoisse plus insidieuse : La précipitation des
catastrophes dites “ naturelles ”, la mise en œuvre de violences destructrices
en tout genre, volontaires ou non, ne cessent de faire peur. Le journaliste
guidé par son audimat et son chronomètre se
plait à en faire l’écho.
La responsabilité de ces
dysfonctionnements en incombe à l’homme et non aux dieux vengeurs. Guérir le
mal à sa source, supposerait une compréhension du lien d’interférence entre la
nature, le corps social et le corps humain.
L’Obsession
de la vitesse,
conduite par la peur du manque et la volonté du pouvoir à tout crin, crée la précipitation
des énergies et provoque fatigue, stress
et peur. Le temps (chronomètre) agirait
sur le temps (météo).
Deux mots “ obsession ”
et “ vitesse ” tous deux liés à
des organes. La philosophie taoïste nous apprend que le propos, la pensée juste
ont leur siège dans la rate-estomac, quand l’énergie est en manque ou en excès, le soucis devient obsédant, la pensée devient
trouble. Les stockages dans le grenier et épargnes en tout genre focalisent la peur du manque et la peur du
vol. Une panse trop pleine trouble sérieusement la pensée. Des greniers trop
pleins encombrent l’intelligence collective.
La volonté d’acquisition du
territoire et de l’avoir, avec force et rapidité, reliée au foie, normale pour
une part, devient pathologique quand elle est sans limite, quand la
surabondance ne peut même plus être redistribuée, saccagée à peine récoltée,
dans une révolte de l'augmentation des prix.
La mobilisation du mouvement tient son origine
dans les reins, et donne la capacité de récupération, quand ceux-ci n’ont pas le temps de souffler
(avec une référence aux poumons), la fatigue est au rendez-vous, quand elle est
répétée, elle épuise sa fonction et atteint même la force sexuelle. Les reins
subissent une course après le temps, sans la capacité de récupération, et de ce
fait affaiblissent la fonction du cœur.
La boulimie dévorante des
actionnaires des grandes entreprises, avec la complicité de leurs
“ contre-mètre-heure ”, compose la pression sur l’atmosphère météo, à
en faire craquer l’ozone, qui, en
cascade, essouffle les reins. Les décisions prises après un copieux
repas d’affaire, donc issue d’une pensée surchargée, ne sont pas forcément des
preuves de lucidité. Les reins, courant après la course, fatigués de ne pouvoir
récupérer agissent directement sur la réduction de la sexualité, énergie vitale
- castration chimique pouvant aller jusqu’à des vagues de suicides, les reins
s’assèchent comme les rivières. Les amygdales, miroir des reins, transmettent
leur peur d’étouffement à la thyroïde, jusqu’à l’extinction des voix, y compris
celle des électeurs. Celles-ci compressées, invitent l’hypothalamus et à
participer à leur propre étranglement en déréglant les pendules intérieures. La
chronobiologie des organes et de leurs méridiens, correspondant à des cycles de
deux heures, s’en trouvent très perturbés, au même titre que les saisons. Comme
le reconnaissent les vrais initiés de la nature, les arbres fruitiers ne savent
plus reconnaître le printemps, les abeilles perdent le nord tout comme l’humain
perd le sens de son existence.
Pression, compression, oppression,
dépression du corps humain, du corps social, de la nature. Ne pas être à sa
place, ou devoir répondre à une demande démesurée ou inadaptée pour l’exécution
d’une tâche, soit en quantité soit en qualité, dans un laps de temps le plus
restreint possible, d’une manière constante, avec le maximum d’efforts, menaces
insécurisantes, forment l’agrégat du stress.
La fatigue, loin d’être une fainéantise,
devrait être entendue comme un signal fort, signifiant que l’ordre des choses
n’est pas respecté, et la personne humaine encore moins. Certains le savent, la
fatigue peut être utilisée comme instrument de torture. Le respect de soi, et
donc des autres, commence par l’écoute de sa fatigue, pour y remédier. La violence du mépris de cette évidence
humaine n’a rien de sain. Les perturbations du foie et de la rate-estomac sont
bien connu en médecine chinoise, comme pouvant être la cause de désordres
mentaux très graves.
A l’heure actuelle, tout se passe
comme si la seule intelligence sociétale consistait à ne fonctionner que sur un
plan horizontal, sur l’axe Foie - Rate, en tenant pour obsolète la dimension
verticale : l’existence du cœur avec l’essence même de la personne, des reins
avec sa sexualité, des poumons avec sa force de transformation.
Et le fait de courir après le
macrocosme ou le microcosme ne donne pas davantage de sens à cette verticalité.
Ce dialogue foie-- rate-estomac,
dans le contexte actuel, aboutit, par ordinateur interposé, à une complicité
aberrante et à une mégalomanie délirante. Les conséquences, pour le reste du
corps n’en sont que plus perverses et
pernicieuses.
Comme si le foie et ses assesseurs
(pouvoir, expansion économique, et armée), la rate-estomac et ses assesseurs (échanges
des greniers et des héritages acquis, pouvoirs bancaires et dictats des chronomètres)
trouvaient leur jouissance au détriment de l’essentiel.
Le danger des gros contrats et marchandages exclusifs entre
foie et rate-estomac excluent forcément les autres membres du corps, violent la
nature sans tenir compte des saisons.
Dans le sens rate –foie, on aboutit
à l’abondance des rêves et des illusions
Dans le sens foie-rate, on aboutit
au désir de devenir le plus obèse du monde, associé au désir de toute
puissance.
Ce système va trouver une fausse
verticalité déplacée. La pression du
petit ou du grand chef va se répercuter sur le plexus solaire du subalterne,
qui, en verrouillant son estomac, et s’interdisant sa parole et donc en
annihilant la vie de son cœur et des ses reins, transposera lui-même cette
pression sur sa famille. Colères, frustrations, abstinences sexuelles et autres
maladies, seront le lot de sa soumission. L’énergie ne circule plus comme elle
le devrait.
C’est toute la nécessaire et
indispensable chaîne verticale des autres parties du corps CŒUR, POUMONS,
REINS, CERVEAU, ainsi que leurs fonctions et leurs interactions qui est blessée,
escamotée, mutilée.
Le contact du méridien conception
ne semble plus exister. L’adéquation entre le dire (bouche) et le faire (bassin) n’est plus concordant. Les relations
dans leur ensemble n’assument plus la cohésion sociale. Sans contact avec le cœur
l’hypocrisie remplace l’authenticité. Le cynisme remplace la concorde,
l’aveuglement (excès d’énergie dans le foie rend aveugle) remplace le
discernement. Le discours collectif ne reconnaît plus la créativité
individuelle. L’esprit, le shen, l’âme du cœur, l’essentiel existentiel est
ailleurs, c’est donc l’errance mentale.
De plus, en reniant l’existence de
cette donnée fondamentale de verticalité, ces prétendus savoir-faire ordin-adorés
relèguent ces liens vitaux dans des zones occultes. Les religions pseudo -
illuminées par leurs guerres au nom du bien, et leurs branches associées
s’occuperaient du haut pendant que les systèmes mafieux s’occuperaient du bas.
Pour un peu la statistique des ulcères à l’estomac des uns correspondraient
avec la dépression des autres.
Les quatre actions suivantes pourraient
alors devenir un plan de restructuration.
Lien du cœur et des reins
L’énergie verticale du cœur et des
reins méritent une noble transformation par les poumons. Chaque organe est nécessaire.
Le cœur a cependant une place privilégiée, les autres sont à son service en
quelque sorte. La complétude est grande entre le feu du cœur et l’eau des
reins. Dans un devenir en mouvement, chaque être, chaque pensée, chaque activité
suivent un rythme propre : origine et gestation, éclosion et essor, mûrissement
et récolte, réserve et enfouissement. Chaque être devrait faire vivre sa
dimension verticale et horizontale dans un devenir et se faire respecter en
respectant le lien de ses organes.
Respect du rythme de chacun.
Le respect du rythme de chacun peut-il être légiféré ? En ce sens, le débat
sur le nombre d’heures de travail a été largement faussé, puisque il n’a pas été
tenu compte de la fatigue, qui est très variable selon les individus. Le rythme
cyclique, la chronobiologie, l’alternance activité-repos, la manière d’inscrire
la créativité individuelle dans
l’ensemble collectif n’ont pas eu leur place. Le respect du rythme de travail
selon les saisons relève du bon sens : on ne fait pas les mêmes travaux au
printemps qu’en hiver. Le corps ne réagit pas de la même manière. Quand les cœurs,
poumons et reins seront respectés comme dimension indispensable du corps, du
corps social, les saisons et l’horizon seront plus sereins.
Respect de sa fatigue
La fatigue devrait s’inscrire comme élément
indispensable de régulation de l’activité, tout simplement pour mettre en
forme, le sens. Les contremaîtres devraient facilement trouver une reconversion
en bon gestionnaire de l’alternance activité-repos, gage d’efficacité ! On
ne peut tirer sur un poireau pour le faire pousser plus vite. On ne peut indéfiniment
tirer sur son corps sans le casser.
Une analyse de la cause extérieure
du stress et une volonté de faire circuler son énergie intérieure permettront une plus grande fluidité dans le
corps et donc dans les relations. A chacun de trouver, parmi les techniques très
variées, les moyens avec lesquels il se sent le plus en affinité.
La compétition, dans tous ses
ordres et déclinaisons, pourrait bien être le poison insidieux et sournois du
plus bel humanisme, fût-ce t’il démocratique. Le progrès ne peut être arrêté,
mais chacun, à sa mesure peut faire le nécessaire pour ne pas de suivre un
processus destructeur.
Décélération
La paix intérieure ne peut s’acquérir,
ni dans l’agitation, ni dans la précipitation, ni dans l’accélération, elle se
rencontre dans le ralentissement de la pensée et la prise en compte du rythme
naturel, du souffle et du battement du cœur. Les temps de solitude choisie, et
non, subie, la méditation, le retour sur soi dans une pratique quotidienne et
ritualisée marqueront le contraste de la sérénité intérieure et de la précipitation extérieure.
La paix entre les peuples rejoint
cette condition. Elle ne peut se retrouver que dans un processus volontaire de
décélération.