mercredi 30 janvier 2019

De la Cause Première


De La Cause première



Quand un incendie se déclare, les pompiers neutralisent ou le support inflammable, ou l’oxygène et veillent à ce qu’aucune braise incandescente même souterraine, ne puisse se raviver pour enfin déterminer d’où est parti le feu et ce qui l’a provoqué. Ils transmettent ensuite leur questionnement à la gendarmerie pour la recherche de l’incendiaire, pour la déléguée encore à d’autres experts qui tenteront de comprendre la problématique de l’intention de ce dernier. La succession  de contingences et conditionnements divers aboutissent à un effet  catastrophique.

L’acupuncteur ou le thérapeute Taoïste mobilise son humble prétention pour comprendre la souffrance ou le conflit énergétique et émotionnel, circonscrire le mal à sa racine et ainsi transformer la Cause première du cercle vicieux de la souffrance, des cascades des maux en tout genre, des perturbations de l’harmonie, en un puissant cercle vertueux. Redonner le potentiel, la dynamique, le flux du courant de l’Élan vital, réintroduire la force de la Cause première, l’initiation de la fusion du Yin et du Yang vers son réel ultime, respecter l’expression de la forme de cette vitalité qui reste mystérieuse, individuelle, personnelle, tel pourrait être son programme et son attitude. Nous pouvons émettre quelques hypothèses sur les raisons de ces fractures.

Cascade  des causes

La moindre analyse d’un événement désastreux : maladie, dysfonctionnement relationnel, crises sociales, excès d’une violence, accidents routiers  nous plonge dans un conglomérat de causes  aux effets pervers. Qui…de l’alcool ou des violences conjugales, du manque d’argent, des atermoiements et méandres judiciaires, d’interventions abusives et intrusives d’une « assistance sociale », d’un conflit de voisinage, d’une fermeture d’usine, des non-réponses à de multiples CV, d’une inadaptation de la scolarité à son enfant, d’un dérapage de la santé à la suite d’un traumatisme…qui a pu causer la déchéance personnelle, familiale, sociale, d’un individu ? L’approche de la cause initiale du mal, nécessite effort, ténacité et accompagnement. Autant que faire se peut,  elle se fera au plus prêt de la raison qui l’a enkysté, sans oublié que « des cendres mal éteintes peuvent couver ». D’où un temps nécessaire pour en vérifier la bonne résolution. On peut faire confiance à la personne qui parle de son mal être, l’expérience d’une sorte de certitude intérieure de contacter la raison juste, lui donne un sentiment d’apaisement, loin des tumultes émotionnels.

 Certaines thérapies voudraient remonter avec violences, jusqu'aux calendes grecques, faux souvenirs d'enfance ou vies antérieures, dont on ne sait d'ailleurs, pourquoi  l'investigation s'arrêterait à cet événement ou date plutôt qu'un autre, sous prétexte que le « thérapeute » en aurait décidé ainsi.
L'approche Taoïste fondamentalement non-violente, n'empêche pas la remontée de souvenirs authentiques ou rêves pour en donner sens, elle va même utiliser le potentiel en énergie mentale qui les soutend, pour les transformer en action correspondant plus spécifiquement à l'élan vital. Elle ne casse pas l'immunité physique ou psychique pour être en contact avec ce qui semble être, en ce moment, la cause d'une souffrance. Sa référence est celle de l'énergie, du Chi, qui cherche son espace et sa forme d'expression. Il l'accompagne en la posant, en la réajustant le plus harmonieusement possible, avec précaution, pour  montrer au patient, vers quoi  peut tendre l'organisation, la construction patiente de son projet de vie, énergie toujours en mouvement et  transformation.


Rupture  du lien  d’unité  des  trois  trésors
La perte du lien avec son Essence initiale, celle du cœur, le shen, l'identité serait sans doute la première cause des pathologies, des cascades d'errements ou maladies, dysfonctionnements affectifs,  émotionnels, physiques ou relationnels et par voie de conséquence sociaux. Or cette « morpho-logie » de cette Essence identitaire se nourrit de reconnaissance, de limites et d'ouvertures (attente plus tournée vers le père) et de tendresse, sécurité, de poésie du cœur (attente plus espérée en provenance de la mère) les deux parents pouvant se partager respectivement ces rôles. C'est donc par ce double constat : l' attente et le vide d'énergie du cœur, que la souffrance s'installe. Elle prend  la place de la créativité. Loin de vouloir rester sur la nostalgie de l'enfant en manque, l'adulte reconnaîtra son  besoin comme une nécessité vitale et se donnera les moyens de cette nourriture pour faire vivre son savoir et son savoir-être.

La perte de la terre, de ses racines, de ce qui constitue ses ressources, le Jing, langue d'origine, culture, force d'action, la perte de ses repères, des savoir-faire seraient la deuxième cause des traumatismes se déguisant en poupées russes. La tension créatrice et l'acceptation de son émergence, par des méthodes artistiques non jugeantes et cependant encadrées, redonne à la source de vie la capacité de retrouver le sens de sa rivière. La nécessité de se manifester devient une évidence. Si cette évidence est niée, si elle n'est pas entendue, soutenue, reconnue cette énergie se retourne contre elle-même (suicide, auto-mutilation sous différentes formes)

La perte du souffle, perte du lien entre le Shen et le Jing, perte du lien entre la terre et le ciel, entre le savoir et le savoir-faire, entre le dire et le vécu, entre la conscience et l'action, entre spiritualité et sexualité serait la troisième termitière qui pourrait détruire l'édifice. C'est le souffle qui va permettre les prises de conscience, entre les allers et retours, les montées et les descentes, l'intime et le social. L'expression verbale, l'expression créatrice, émotionnelle, sociale ne peut avoir d'existence sans le souffle. Il est donc capital de s'occuper de ce capital. La respiration est le socle du maintient de la santé et de sa restauration, Elle nourrit à la fois le grenier du cerveau et le plancher périnéal, malheureusement dans notre civilisation dite moderne, elle est trop souvent rangée comme insignifiante dans le local des oubliettes. Mais là aussi, la délicatesse dans son apprentissage et dans son exercice sont de mise. L'hyper-ventilation violente, provocant des tétanies, proposée par certaines thérapies, n'est pas nécessaire pour une transformation. On n'allume pas un foyer avec un lance flamme et on ne l'entretient pas à coup de ventilateur. On ne demande pas à un petit enfant de respirer comme un guerrier. Les efforts constants d'exercices de respiration ne peuvent être que progressifs. Il en est de même pour l'éveil de la conscience et le respect de la santé. Le potentiel concentré, une fois libéré, se développe en son temps et en son moment. On ne peut le forcer. La respiration calme entraîne le calme mental, la respiration dense invite à la profondeur de la pensée, la respiration ample sollicite la dilatation de la liberté, la respiration subtile enrichit la délicatesse.

La perte de l'unité du Yin et du Yang,  de l'unité des trois trésors, de l'unité des cinq organes et de leurs méridiens, la perte du contact avec l’élan vital, cette perte serait donc l'instigatrice des méfaits en cascade. Mais le tableau serait incomplet si l'on ne tenait pas compte de la fluidité de l'énergie, comme celle de la rivière. Le blocage du courant sanguin, lymphatique sont bien connus, le blocage du courant  énergétique, un peu moins. Il est signifiant dans la non-fluidité de la parole, entre les intentions et le verbe, entre ce qui est à dire et ce qui est effectivement dit, entre ce qui est dit et ce qui est entendu, entre l'intrusion et la liberté de parole, la plupart des malentendus, voire des conflits sont issus de ces retenues ou débits de paroles non-fluides. La parole coupée, déformée, les silences qui a eux seuls peuvent être un langage ou les espaces saccadés, la parole colérique ou inquiète, dialogue de sourd, en sont des exemples. Dans ce domaine également le souffle, la respiration retrouve sa fonction de lien. La fluidité de la parole pourrait avoir la même incidence dans tous les actes : critère d'un questionnement, d'un passage à l'acte ou de la résolution d'une affaire, complicité relationnelle, c'est plus facile quand « ça » coule tout seul.


Le livre  scolaire  frelaté

Dans notre période de « modernité » où tous les moyens d'informations sont mis à notre disposition, où la « foultitude » de diplômes laissent supposer la magnificence de l'intelligence, on pourrait penser à une résolution facile des conflits de par la connaissance des causes ! Apparemment cela ne suffit pas. Cela semble être un des paradoxes de notre époque, la sectorisation des savoirs, aussi pointus soient-ils, n'aboutit pas à la prise en considération de l'unité et de  l'essentiel de l'humain. Un manque de connaissance et d'apprentissage des bases semble faire défaut, d'où aussi le courant actuel des rappels de simples leçons de vie,  d'entretien de la santé, dans les différentes revues.

Croire ou faire croire qu'adhérer à des concepts erronés, comme des postulats indiscutables et irréfutables seulement au nom de la modernité relèvent de la méprise intellectuelle. La base de données est falsifiée. Poser, comme à priori, que les contraintes productivistes, défendues par des responsables se référant à des scientifiques, passeraient avant la réalisation de soi est une de ces constructions mentales fondées sur des sables mouvants. Il en découle des situations contradictoires et perverses, des sources de tensions inutiles : pour travailler, il faudrait avoir de l'expérience, mais pour avoir de l'expérience il faudrait avoir travailler ; plus il y a de retard pour le financement d'une dette  plus les intérêts augmentent, mais s'il y a un endettement c'est sans doute que l'argent manque ; une formation déboucherait forcément sur un poste de travail à plein temps, mais la sélection et la compétitivité, conçues comme la norme, ridiculise cette manière de voir ; la loi du travail passerait nécessairement par la soumission d'un employé au dictat de son directeur, il s'agirait de liberté d'entreprendre mais pas d'esclavage ! La  rigueur intellectuelle, demanderait que les argumentations d'un penseur ayant pu donner naissance à une  forme de vie sociale à un moment donné, soient abandonnées, quand elles deviennent aliénation. L'adaptation, forme de sagesse de l'évolution face à la transformation des choses,  doit rester dans le discernement, l'obstination dans l'erreur cristallise une cause de conflit interne avec des répercussions externes. C'est méconnaître la force de l'esprit créateur. Il revendique son espace d'évolution, de logique, de personnalisation. Il donne sa confiance intuitivement à ce qu'il croit foncièrement bon. Le corps social doit se mettre au diapason  de la cohérence et de la logique du corps humain dans toute sa dimension et non l'inverse, son modèle  reste incontournable.

Le bon driver  n'est pas introduit  dans l'ordinateur

La méconnaissance du corps dans ses principes de régularités, de fonctionnalités, d'organisation complexe et mystérieuse, amène à des dysfonctionnements irréversibles. L’apprentissage de la compétition (pour être le plus fort, le plus riche, le plus violent  compétitif) est un non sens corporel, vu par un taoïste. Tous les sports de compétitions sont l'apanage de l'école !  Cet argument  incontesté par des pédagogues que l’on serait à même de considérer comme intelligents, fait preuve d’un non sens intellectuel. Pourquoi malmener le cœur, tabernacle de l'identité, dans des courses effrénées sous prétexte de devenir endurant ? Pourquoi l'éducation nationale scolaire n'intègre dans ses programmes, la culture de l'apprentissage systématique de toutes les techniques du souffle qui apporte le calme mental et la concentration, vivacité d'esprit, la fluidité relationnelle ? La maîtrise de la diététique, du jardinage pourrait bien donner des leçons et des éléments de base aux autres matières, et quelques ressources aux plus démunis. Apprendre comment respirer, manger, dormir, se défendre, se ressourcer, respecter son rythme, gérer la fluidité de sa parole et du dialogue, écouter l'autre, gérer ses émotions, dynamiser sa créativité sans jugement, respecter son corps, semble être vraiment des sujets trop compliqués !!. Quand le brevet des écoles procurera l’évaluation de  l’apprentissage de ces fondamentaux sacrés? Pas le temps de s'occuper de ces « annexes secondaires » les ingénieux de demain doivent avant tout savoir  jouer des coudes, faire des études de marché, produire, combattre, se bagarrer, innover pour vendre, être compétitifs, vu la « guerre » économique mondiale ! On connaît les résultantes d'exclusions, d’éliminations, de désintégration, d'éclatements sociaux, de gâchis de ces « principes ». Les choses sont donc mal ordonnées et ordonnancées.

Logiciels  incompatibles

Toutes les prisons sont remplies de gens qui ont commis des méfaits plus ou moins graves ; dans grand nombre de cas, l'origine de ces troubles est à rechercher dans les carences affectives ou des confusions d'esprits. Les violences conjugales ne se sont jamais autant manifestées ou dévoilées que maintenant, et elles ne vont pas toutes jusqu'aux tribunaux, qui en sont débordés. La majorité des conflits dans un couple proviennent de sujets récurrents : l'argent et ses priorités, la répartition du temps et des taches ménagères, l'espace nécessaire à chacun, la conception de la sexualité dans son accomplissement ou sa frustration, les valeurs éducatives, l'absence de créativité, la gestion des émotions, la gestion de l' énergie, la réalité du dialogue, les soucis de santé, la gestion des héritages. Mais « on n'a pas appris ». L'école des parents n'a pas eu lieu. Les règles du jeu sont alors faussées. On se retrouve avec des logiciels incompatibles.

Lors du mariage, il y a déjà une confusion de deux types de contrat, le contrat amoureux et le contrat civil de solidarité, et dans aucun des deux il n'est donné le mode d'emploi dans la boîte-cadeau qu'offre le maire ou les amis du couple. D'autre part, dans la vie courante, avec la non-chalance, la norme sociale et peut être un certain manque de courage, le contrat de solidarité prend la primeur sur le contrat amoureux. De plus il ne fonctionne pas dans le temps de la même manière. Le conflit économique dans le couple détruit le sentiment amoureux. La rate prend le pouvoir alors qu'il revient au cœur. Et en général quand il y contrat, les règles peuvent être assez précises, ce qui permet d'éviter les embrouilles, or là dans ces deux cas de figures, la délimitation de ces  contrats sont plutôt floues. Un contrat obscur à de grandes chances d’aboutir au conflit, la base, la cause, ne peut être solide. La clef de l'apprentissage de la vie de couple ou famille serait plutôt du genre « école de la débrouille et de la dépatouille » avec toutes les dérives dont on peut être témoin.

On peut apprendre à skier, on peut apprendre à devenir soldat pour devenir une bête de guerre, on peut apprendre le permis de conduire, ou à devenir un bon mécano, un homme de maintenance, une technicienne hors paire en informatique etc...on apprend même à devenir alcoolique ou drogué mais on n'apprend pas l'essentiel. On n'apprend pas les composantes de l' homme ou de la  femme. On n'apprend pas ce que recouvre la paternité ou la maternité, ni ce que suppose la vie de couple ou de parents. On n'apprend pas la place de l'enfant et les attitudes qu'ils conviendraient d'adopter, d'où les nombreux cas de maltraitances d'excès d'autoritarisme ou d'enfants qui, bon an mal an, portent leurs parents. On n'apprend pas le langage de la tendresse et de la sensualité, seul garant de la créativité, de la sécurité intérieure et de la spiritualité. On apprend pas à gérer les émotions et à se familiariser avec l'énergie du plaisir sexuel dans sa complexité relationnelle, émotionnelle et physiologique, force tellement puissante qu'elle peut faire peur ou déclencher des phénomènes énergétiques destructeurs. Et ce n'est pas une fois en situation que l'on devrait apprendre, mais bien avant. Évidences tellement banalisées qu’elles ne sont pas appliquées ou reléguées à des ponctualités de secondes zones ou très anecdotiques. Par contre la société se charge bien de vous culpabiliser ou de vous faire payer tous les manquements comme si être père, mère, homme, femme, couple allait de soi  en se référant à des modèles... perdus d'avance. Il paraîtrait plus important de savoir comment s’endetter à vie en achetant une maison et en ne travaillant que pour payer des intérêts bancaires. L’essentiel devient une quantité vraiment négligeable au bénéfice d’un secondaire plus que douteux. On ne peut à la fois créer la peur en une personne ou un peuple et  lui demander d'avoir confiance en lui. On ne peut créer des situations de violence et solliciter le calme de la tranquillité. On ne peut à la fois considérer le corps comme abjecte et  s'offusquer qu'il soit dégrader, en chercher sa noblesse tout en créant les conditions de son avilissement. La violence ou la tendresse ? Deux logiciels décidément inconciliables. On peut espérer une école nationale au service de la vie et non une école au service d'un produit aussi performant soit-il. Mais pour lutter contre des habitudes, il faut remuer ciel et terre  pour que la cause soit entendue, pour désamorcer la tension, pour trouver le milieux juste.

Serge Blanchard

vendredi 18 janvier 2019

Le langage taoïste du cœur


 

Le langage taoïste  du cœur





“ Ouvre ton coeur  ,  laisse parler ton coeur ,  aies ton cœur sur la main, si tu as bon coeur, “dis ce que tu as sur le cœur”,  “choisis ce qui te tient à cœur”, cette ordonnance doctrinale culpabilisante dictée par un  maître  spirituel laisse pantois celui qui ne demande quà comprendre le sens de cette apparente évidence. Tout serait dit, et cependant, rien nest dit comme si cela allait de soi  douvrir une porte secrète sans y mettre une clé ! Pour en comprendre sa manifestation, il semble nécessaire, au préalable de passer par lexpression de son  langage, de  sa logique, et donc de ses implications conséquentes.

Pour un Taoïste, le Cœur est lEssentiel, lExistence même, le fondamental, le fondement du mental.

Le  su wen faisant autorité dans la médecine chinoise nous rappelle son essence.

Il est lIDENTITE. Il est lUnique, incomparable à tous les autres et cependant très semblable. Tous ses gênes, ADN et empreintes digitales sont uniques dans lespèce humaine, inscrites dès la première impulsion électrique, qui va donner le tempo régulier du battement pulsatif du sang. A vie et pour la vie dès les premiers jours de la fécondation du spermatozoïde élu et de lovule choisi, cette Pré-science oh combien subtile, et cependant puissante, in utéro, se nomme  je suis énergie et je viens de loin, je vais vers mon aboutissement. Cette conscience naît dès la première pulsion cardiaque, réalité non encore défrichée par le scientifiques, aussi performants soient-ils. Le cœur du Cœur rassemble dans sa molécule atomique, tous les types dénergies que lon retrouve dans lunivers, dans une orchestration harmonieuse du yin et du yang, pour un devenir et un potentiel incommensurable.
Initialement, il connaît la forme, aboutie et limitée, du corps, dans tous les âges de son parcours terrestre. Transport et véhicule dune palette émotionnelle, de lenthousiasme, à la colère, en passant par la peur ou les anxiétés des manques jusqu’aux  tristesses du non-accomplissement, le MAÎTRE COEUR est le seul à en connaître le sens aigu et  dense : la recherche de son absolu.

IL est L’Âme. Le cerveau et ses infinies connexions, comme tous les autres composants du corps sont à son service, et non l‘inverse.  Il reconnaît, d’une manière parfaite la moindre petite cellule, que son sang a nourrit physiquement et spirituellement, du moindre filament sanguin de l‘œil à la synergie des neurones en passant par la sensibilité complexes des organes sexuels ou l‘alchimie du système digestif. Il ordonne et délègue sa mission, sans en perdre le contrôle, à la rate, aux poumons, aux reins et au foie, dont il ressent et enregistre chaque émotion appropriée, pour parfaire son destin. Mais également, il les fait participer à son enthousiasme dès qu’il en a l’occasion, dans un échange d’énergie, venant de l’intérieur ou de l’extérieur. Cette humeur pourrait bien être l’attention de sa tension, de son projet : garder le contact avec cette pertinence du sourire, témoin d‘une joie indicible. Il identifie l’aorte et l’artère. Sans aucun doute, il perçoit la mesure de la démesure, le juste de l’injuste, il sent le faux du vrai, il a conscience de l’attraction et de la répulsion, intrinsèquement, il maîtrise l’inspiration et la pulsion de son élan vital, il comprend la confiance et la méfiance, il compare l‘honnêteté de l‘imposture, il s‘approche de l‘humilité comme il fuit l‘arrogance, il favorise le bon goût et ignore les mauvaises langues, il manifeste son adhésion à la gentillesse et s’oppose aux invectives et manifestations violentes, il chante sa liberté et désavoue toute aliénation. Il respecte sa dignité et suspecte les faux honneurs, il sourit à l’humour et se protège de l’ironie. C’est inné, il est par essence généreux et chaleureux et recherche la chaleur humaine, qui le réchauffe à son tour, pour rayonner et se donner. Il s’investit dans tout son corps, jusqu’au bout de son mandat céleste. Il suit inlassablement son rythme et son tempo, du premier au dernier souffle. L’affolement, la précipitation, la compétition lui sont donc contre nature.

 Il contient intimement et profondément en lui, lorigine initiatique de toute intuition : son sentiment dexistence, sa connaissance de ce pourquoi il est fait, sa conscience et sa volonté de la garder  claire, sa forme de pensée, sa nourriture qui lui convient. Il est donc le repère par excellence. Cest en ce sens quil est le maître, le SHEN SOUVERAIN. Son expression, son œuvre sera unique.

Tous les cœurs, du trop riche bourgeois parvenu, inondé sous ses biens, au trop pauvre étranger, galérant dans une cité sans espoir, de l’enfant émerveillé au vieillard désabusé, du handicapé au prisonnier, du politicien au fou psychiatrique, de la femme ou de l’homme, tous sont composés sur le même type cardiologique, et pourtant chacun est complètement unique, original, et différent. Il est à ce point spécifique, qu’il sait et reconnaît  instantanément, intuitivement, et radicalement ce qui est de lui, de ce qui ne l’est pas. Physiquement ou psychologiquement, chaque intrusion virale ou verbale mobilise son armée de globules blancs et de système de défense pour anéantir et rejeter cette agression de son identité, qu‘il cajole dans son intimité. À limage du phénomène de rejet dun cœur transplanté, dont les cardiologues tentent de masquer lorigine, avec artifices et dégâts collatéraux pour faire croire à lidentique, le cœur sait ce qui est vraiment de lui. Profondément  fidèle à lui-même, il peut dire  ce nest pas moi çà, létiquette que vous voulez me faire porter ne mappartient pas, je ne me reconnais pas.  Désorienté de sa trajectoire épanouissante, scolaire, professionnelle, relationnelle, il fera entendre son désaccord par différents malaises, maladies ou autres tachicardies. Son sang et ses flux dénergies ne peuvent aller, ni à contre sens, ni à contre cœur, ni  contre nature.

Quelques soient les contraintes, les pressions ou obligations de toutes sortes, familiales ou culturelles, il connaît sa signature, il se reconnaît lui-même et saura se sauvegarder, même dans un profond secret inviolable, inaliénable. Il est fondamentalement libre, responsable et solidaire. Redoutable confiance en lui, sur lequel chaque thérapeute pourrait bien sappuyer, pour que chacun retrouve ses marques très personnelles. Le système de défense est là pour  protéger le coeur. Il est donc absurde de vouloir casser la cuirasse immunitaire, par une pseudo cathartique émotionnelle en gueulant sa colère, en invoquant des résistances qui nauraient pas lieu dêtre, ce qui a pour effet de blesser le cœur une fois de plus. Pouvoir absurde ab-errant, qui ne le détruira pas cependant. Pour un taoïste le cœur est lAuthentique, égal à lui-même, mais il ne sagit pas, pour être authentique, dune évacuation insensée de sa poubelle émotionnelle.

Réceptacle de toutes les sensibilités, il se serre ou se dilate selon les émotions. Dans sa vacuité, il sapparente au vide apparent pour se remplir de qualités yin supérieures, dont la femme, plus que lhomme, pourrait en être la gardienne privilégiée. Pour rejoindre le divin,  qui ne peut se transférer sur un autre être éthéré, extérieur à lui, pour être au plus prêt de sa plénitude, pour célébrer lessentiel de sa magnificence, le cœur a besoin de fêter la Beauté, la Justice, la Bonté, lIntime et la Fluidité des paroles et des événements, fonctions vibratoires qui lui parlent, lémeuvent, et le portent. Paramètres irrémédiablement indispensables pour quil se livre en toute confiance, faute de quoi il se ferme. Le sourire intérieur témoigne de la juste et adéquate connexion  entre sa densité intérieure et lévénement extérieur. Alors, un hymne à la joie peut résonner. Tous les pouls seront harmonisés. La musique mélodieuse, le chant, et singulièrement le chant des chœurs, unifient ces valeurs. Les frissons agréables et les larmes de joie reflètent en écho lénergie et le bien-être de notre organe majeur, ainsi assimilé à un instant de bonheur. Lart de manier les mélodies, en un flagrant contraste à une situation violente, pour apaiser les pulsions destructrices et les transformer est, sans doute, lapanage des vrais gardiens de la paix. Lart et la poésie transcende et sublime, par extension, la compassion et le regard que le cœur se porte à lui-même, et le nourrit en retour.

Pour répondre à ces besoins trois conditions doivent être remplies, d’une manière cohérente :  LE CALME, L’EXPRESSION, LA RECONNAISSANCE.
LE CALME  des gestes et du souffle (internes et externes) vont influencer le bon sens des fluides, et en cascade celui des émotions. L’état de  vacuité, presque silencieux, en dehors du tumulte des passions, va laisser place à la  gentillesse, à la joie et au sourire aux valeurs artistiques et symboliques, signes d‘une humanité, rejoignant une certaine universalité.

LEXPRESSION confortable de son intelligence, synthèse de ses concepts, traduit qui il est, son ciel en quelque sorte. Cette intelligence du cœur est indissociablement liée à l’énergie sexuelle. Organe de feu il recherche l’eau. Il se nourrit de sa complétude. Les parfums de sensualité et multiples orgasmes éphémères le comblent par ses hormones ainsi mises en mouvement, dans la quête de son extase qu’il voudrait absolu éternel. Il est sa propre terre. Sa dimension émotionnelle valorise sa capacité vibratoire de connaissance. En validant ce qui le touche et en acceptant d’être ému, il conduit et affine un mouvement vers son identité et vers l’autre, son miroir du moment, sans lequel il n’existe pas. Réajustement continuel vers son centre.

Le besoin d’une RECONNAISSANCE est sa réalité paradoxale.  Il veut à la fois être indépendant et a besoin de s’entendre dire qu’il existe en tant que tel. Il doit oser se montrer pour être reconnu et cest quand il se montre quil est le plus vulnérable. Volonté et nécessité d’exposer son originalité, par don se soi, sans être compressé, limé, laminé par les rapports sociaux normatifs et violents. Menacé par sa propre plénitude, mise à nue. On peut donc raisonnablement penser que le préalable de lauthenticité est lacceptation de cette vulnérabilité. Logiquement le cœur, se sachant ainsi troublé par sa propre fragilité, se tourne vers ses intimes connaissances, (sa famille, ses proches, ou un être privilégié), pour se garantir une écoute bienveillante. Malheureusement  faute d’un diplôme de “ parentitude ”, le sentiment de rejet, d’incompréhension préparent de nombreux exclus. Il a besoin de ses racines pour se mettre en mouvement dans son devenir, il a besoin de se tourner vers ses ancêtres pour l’éclosion de son propre héritage à transmettre.

On peut donc légitimement se poser la question qui de lintérieur ou de lextérieur, de l’écoutant ou de l’écouté, de lindividu ou du social, qui du vent ou du souffle fera en sorte de créer les conditions pour une communication, de cœur à cœur, sur la même longueur donde ? À l’image du cœur connaissant ses besoins et conditions d‘expression, souhaitons que chaque responsable de communauté puisse fonctionner avec le même soucis de souveraineté.

jeudi 3 janvier 2019

Le Juste Milieu Taoïste




Le Juste Milieu Taoïste


Considérer que le juste milieu serait l'harmonie à atteindre dans tous nos mouvements et actions pourrait porter à rire tellement cette lapalissade  peut paraître évidente dans notre recherche personnelle ou sociale, mais tout aussi incongrue dans l'observation de notre environnement actuel national et mondial. La réalité nous montre bien, la difficulté et la complexité à l'atteindre. Comment rester au centre de nous-même devant les différentes dualités ? Comment garder notre cohérence interne face à nos propres contradictions ? Comment vivre nos émotions et mesurer nos passages à l'acte ? Etre un centre, au  juste milieu, observateur et acteur,  de différents environnements et réalités, telles sont les  réflexions auxquelles nous sommes conviés par la rate-estomac.

La  rate
La rate, l'élément terre, interstice entre chaque saison, lieu de la gestion et de l'organisation de la pensée, a cette conscience interne et profonde de l'équité, de l'égalité qu'il ne suffit pas d'inscrire sur les frontons pour qu'elle existe. Les mouvements sociaux pour un retours à la terre, un  commerce équitable traduisent en même temps un désir de calme mental, face à toutes les agitations et saturations en tout genre, d'un monde fou, et un désir d'équanimité dont on sent intérieurement le bien fondé de ce bon sens. Un nécessaire bon fonctionnement de la terre et de la rate.

La conception de la pensée, qui s'inscrit dans la rate, passe par une gestion de la parole, le chi de la parole va mesurer la réflexion et les sensations dues à l'effet de celle-ci sur autrui. Le contrôle du souffle et de la salive y contribuent « tourne ta langue sept fois dans ta bouche avant de parler » dit le dicton populaire. Apprendre la force de sa parole et de son débit pour se faire entendre pourrait bien être le premier élément de base de la non-violence. Le veilleur de la rate-estomac est sans cesse en train de mesurer ce qui rentre et ce qui sort, aliments, paroles, air. Le juste milieu n'aime pas les extrêmes et relie les apparentes contradictions.  Ce diplomate saura combiner les plans avec sagesse tout en analysant les tenants et aboutissants  en profondeur. La parole juste porte beaucoup plus que les dérives verbales.  La digestion et la gestion du dit ont des points communs. Les discours comme la nourriture vont être dilués et malaxés pour être compris, organisés et dispatchés. L'appréciation des conjonctures et son adaptation aux temps et aux circonstances construiront la pensée. La matière grossière se transformera en information subtile. Pour autant, on doit tenir compte que l’on n’est pas pour grand choses dans l’émergence de la parole : pourquoi cette parole la, ces mots la, en ce moment ci face à cette personne là ?




Le milieu de l'entre deux
En bien des circonstances il nous est demandé de choisir entre une situation et son contraire ou son opposé. L'équilibre de la pensée-terre n'aime pas cette clause d'un langage et d'une pensée binaire. La troisième alternative de cet entre-deux rend cet espace beaucoup plus satisfaisant, pertinent, fécond et donc créateur et unificateur. Plus qu'un compromis, il s'agit d'une nouvelle manière  d'être et de voir les choses, la pensée ternaire.
L'espace du vide entre deux pas dans une marche donne le mouvement, l'entre deux des cuillérées compose le repas, la limite de la flamme d'une bougie et l'air, donne la lumière et chaleur, le silence entre deux pensées transmette la consistance du discours, le tempo entre deux actions permet de retrouver son souffle. La combinaison de deux réalités en nomme une troisième.
Ni trop, ni trop peu  pourrait être la devise de cet équilibriste. Parler sans trop en dire ne veut pas dire se taire. Entre le jusqu'auboutisme ascétique qui va jusqu'à la dénégation des besoins essentiels du corps et le débridement d'une sexualité marchande; la recherche d'une qualité de vie a toute sa place.
Cet éclairage  de la juste mesure pourrait donner une autre luminosité à notre terne quotidien.
Ni 35 heures, ni 72 heures (ou plus) mais à chacun son effort et son rythme,
ni anonymat ni ouverture sans défense, mais le respect et la réserve,
ni zapping relationnel ni engagement à vie, mais un contrat temporel toujours à renouveler,
ni inévitablement individuel ni obligatoirement collectif, mais un va et vient constant d'énergies constructives dans un apport mutuel,
ni esclavage au travail dopé ni aliénation du chômage dépressif, mais une écoute de ses pulsions créatives,
ni trop vite (accélération) ni trop lentement (stagnation) mais la fluidité qui suit les cycles,
ni trop de sommeil, ni trop de travail, mais respect de l'alternance qui donne un sens,
ni l'ennui de l'inactivité, ni l'attente douloureuse de quelque chose qui ne vient pas, mais l'accueil actif de ce qui est,
ni complaisance morbide dans un passé qui ne peut se refaire ni désenchantement devant un avenir que l'on ne maîtrise pas, mais tirer parti des leçons du passé pour construire sa responsabilité, un ici et maintenant en devenir,
ni l'étouffement des émotions, ni le déversoir impudique et violent à tout moment, mais une gestion de ces énergies qui permette un enrichissement personnel d'une conscience toujours plus lucide,
ni seulement yang ni seulement yin mais le mouvement de la vie.
Loin de nous déclencher des angoisses devant le nouveau et l'inconnu, cette  forme de lecture, rappelée par la fonction de la rate-estomac, nous accorde à notre bien-être intérieur. Chaque réalité duelle peut ainsi être visitée dans le souci de l'équilibre, de l'harmonie.

Le milieu de l'entre  trois
Le juste milieu évoque également une autre dimension, celle d'être au milieu des trois foyers, le foyer supérieur  habitacle du schen de la conscience d'être soi, et qui inclut la tête et le cœur, centre privilégié de l'intelligence et l'intention; le foyer moyen, le lieu du chi qui englobe poumons, foie, rate, abdomen, centre privilégié des émotions ; le foyer inférieur référence du jing qui anime les reins, le bassin et les quatre membres, centre privilégié de l'action. La dynamique du juste milieu voudrait que ces trois foyers, composants la personne humaine, se réalisent dans toute leur potentialité mais, en même temps et non pas, un élément au détriment des deux autres.  Ce qui nous autorise à concevoir  dans une  Unité, la vision de l'enrichissement mutuel du cerveau, des émotions et de la sexualité.
On voit mal un savant restant dans sa tête sans communiquer son savoir et sans que celui-ci passe par l'émotion de la joie de le partager...Il peut en devenir fou tellement il crée une énergie inutile. On n'accorde pas non plus crédit à l'hyper-sensibilité émotionnelle qui en oublie son intelligence ou qui exploite sa focalisation émotionnelle pour ne pas agir. Le plus gros chiffre d'affaire vampirisé par l'action et l'appât du gain devient vraiment insolent et désuet quand  sa logique lui fait perdre sa raison et sa liberté et qu'il dessèche son cœur, il perd  son humanité et celles des autres, comment un être intelligent peut-il être inhumain ?
L'unité de ces trois foyers, conscience, émotions, action va guider  la perception de l'être, du singulier au pluriel. Construire son oeuvre, construire et « faire » l'amour, construire et fluidifier le collectif  : Du Un ,il fait le deux et engendre le trois. L'humain, la solidarité, l'environnement. La personne ne peut être réduite à n'être qu'un travailleur (action) ou qu'un consommateur (guidé par l'émotionnel) ou qu'un aspirant religieux (spirituel). Les trois facteurs doivent être passés au crible du juste milieu dans l'unité. L'erreur de ne retenir qu'un élément entraîne dérives et dysfonctionnements pathologiques de l'individu, de la société, de l'environnement.


Le milieu de l'entre  cinq

Le juste milieu évoque aussi la résonance d'un centre au milieu  des cinq émotions essentielles : colère, haine, soucis, tristesse, peurs. La variation des humeurs est en quelque sorte normales. Ce sont les excès répétés dans l'intensité ou dans la durée qui stigmatisent l'aspect pathologique. Dans ce cas, la certitude intérieure que les bornes sont dépassées, voudra ramener le mental à plus de quiétude. Se tenir au centre de ces fluctuations est bien sûr un de nos défis de notre humanité. Une présence à sa conscience.
Une réponse juste se manifeste au-delà des émotions mais ne peut se passer d'elles. Comme l'inter-saison, la rate, la pensée intervient dans l'entre-deux des émotions contrastées, pour en mesurer les trop pleins et les trop vides, ce qui est nourrissant de ce qui ne l'est pas dans l'apport émotionnel. Intuitivement elle connaît la différence entre chaque émotion comme elle sait différencier les saveurs. Comprendre la cause d'une bousculade émotionnelle permet une régulation. Mais tant que les mots n'ont pas pris corps, l'énergie se manifeste à l'état brut. La succession de charges émotionnelles, sans arrêts est très épuisant et douloureux, la stabilisation relative, toujours en mouvement et en quête d'équilibre, réorganise le flux de l'essentiel. L'intégration d'une émotion ne peut faire l'économie du temps. La valeur du silence, la respiration lente, la retraite, favoriseront l'apaisement des émotions, qui ne peut être confondu avec leur anesthésie, retrouvent alors tout leur sens. La quiétude mentale se reconnaît comme le repos physique, ça fait du bien quand la tempête s'arrête !
Mais là encore, il conviendrait que le juste milieu ne soit ignoré : l'ermite devrait revenir dans la vallée où il a le devoir de retransmettre ce qu'il a compris de  cette prise de recul. Il n'y a pas d'aller sans retours.

Le milieu  de l'entre  huit

Le milieu juste, la parole juste se nourrit également de sa position de centre au milieu du paqua, huit forces symbolisées par  des signes (un grand trait pour le yang et deux traits pour le yin) dont l'adjonction transmet une nouvelle signification transmise et initiée dans le Yi King. Ces forces se retrouvent dans la nature comme dans le corps et le psychisme, l’eau, le feu, le tonnerre, le vent et le bois, la terre, le ciel, la brume, la montagne. Le tant tien en dessous du nombril,  lieu de recentrage, de concentration de ces énergies,   accordera l'intérieur individuel et l'extérieur relationnel au diapason de la juste force. Le soliste donnera la force adéquate à son chant à partir de ce centre, comme devrait être mesuré chaque relation.
Le développement personnel pourrait bien alors consister en l'observation des forces en présence, le ressourcement d'énergie nécessaire dans ce lieu du Tan Tien, l'intégration de ces dualités (créativité et disponibilité -intériorisation et vivacité – profondeur et rigueur -impulsion et endurance) et l'expression mesurée de son souffle dans un passage à l'acte transformateur de son environnement.

le milieu  du multiple
Tiraillé entre le respect de la puissante pulsion de son élan vital, la tension pour garder son rythme, et la confrontation aux pressions extérieures, chacun  va rechercher sa cohérence interne.
Le juste milieu nous ramène à notre humble pouvoir, dans un réseau d'interconnexions, relationnelles, événementielles, incitant multiples variations d'humeurs, dans un faisceau de synchronicités, dans des poussées d'énergie en continuelle transformation. Le juste milieu est une invitation à rester en contact avec notre unité profonde et à comprendre que l'autre est en tout point semblable quelques soient les latitudes. La vacuité et le silence affinent le respect de soi-même. C'est sans doute en ce milieu que le juste social peut trouver du sens.